Abbés et insignes épiscopaux
Il est vrai que l'attribution des insignes épiscopaux par certains abbés
dépassent largement le cadre des cathédrales monastiques. L'exemple le
plus poussé, dans le cadre de l'exemption pontificale, est assurément
celui de l'ébbé de Cluny.
En effet, l'abbé de Cluny est symboliquement élevé à la dignité
épiscopale par Urbain II qui dès son élection en 1088 confère à l'abbé
certains insignes spécifiques comme la mitre, le dalmatique, les gants
et les sandales (peut les porter lors de huit fêtes du calendrier
liturgique, étendu à toutes les célébrations par Gélase II en 1118). En
1279, Nicolas III autorisera l'abbé à bénir les vêtements sacerdotaux et
à donner la première tonsure aux clercs. Pour autant, les abbés doient
toujours avoir recours à la juridiction épiscopale pour le sacrement de
l'ordre, la bénédiction des autels et celle du saint chrême.
La concathédralité
A propos des doubles chapitres, on peut signaler un autre cas de figure,
unique je crois: celui de la concathédralité de l'évêché de Sisteron -
Forcalquier en Provence vers 1066. En 1060, l'évêché de Sisteron est
aux mains d'un certain Raimbaud de Nice, issu de la famille des comtes
de Provence. Accusé de ruiner l'episcopatus, il est excommunié et
remplacé par un réformateur, Géraud Chavrier. Mais celui-ci, soutenu par
le pape ett l'archevêque d'Arles, n'est jamais parvenu à s'installer
dans sa cathédrale de Sisteron, il est chassé manu militari par les
chanoines. Il finit par trouver refuge au sud du diocèse, à Forcalquier.
Pendant quelques années, il y a donc deux cathédrales et deux chapitres
cathédraux séculiers dans le diocèse de Sisteron. Finalement les biens
de l'évêché sont partagés, jusqu'en 1789. Géraud Chavrier n'est jamais
parvenu à mettre les pieds à Sisteron...
Damien Boquet
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