Appel à contributions, numéro spécial : « Devenir environnemental : médias, logistique, et changement écologique. »
Synoptique appelle à des contributions pour son prochain numéro spécial, intitulé «Devenir environnemental: médias, logistique, et changement écologique.» Ce numéro sera centré sur l’enchevêtrement croissant des économies mondiales d’extraction et de la circulation des médias. Le titre de ce numéro s’inspire de l’expression de Jennifer Gabrys (2016), qui décrit la façon dont les médias informatiques deviennent constitutifs de l’environnement lui-même, ainsi que de la formation des sujets qui l’habitent, plutôt que d’opérer avec cet environnement en toile de fond. Nous proposons d’étendre cet impératif aux façons distinctes (de l’informatique aux infrastructures, écrans, technologies de circulation, et différents modes de visualisation) dont les médias deviennent environnementaux, tout en restant attentifs à la façon dont ces relations émergentes entre humain et non-humain sont constamment reconfigurées, sinon naturalisées, par l’État, le marché mondial, et d’autres projets idéologiques.
Cet appel à contributions, et l’intention de ce numéro spécial, sont traversés par trois fils conducteurs. Tout d’abord, nous proposons une reconsidération de «l’écocritique.» D’après le courant écocritique, le cinéma et les médias ont toujours été environnementaux, car ils articulent « la relation entre l’homme et la nature et ses médiations par les technologies » (Cubitt, 2014). Cependant, afin de comprendre comment les médias deviennent environnementaux, nous devons aller au-delà d’une discussion des modes de représentations du changement climatique, et nous intéresser de façon plus large à l’environnement habité dans lequel les médias circulent, et aux empreintes écologiques qu’ils génèrent. Partant de là, nous suivons l’invitation de Nicole Starosielski à étendre « l’environnement afin d’inclure le social, l’architectural, et les écologies naturelles» (21) à travers lesquelles les informations circulent et les infrastructures font surface. A l’heure où ces environnements sont saturés par médias et informations de façon matérielle et immatérielle, nous nous devons de réévaluer ces catégories qui continuent à accorder une importance primordiale à un environnement prétendument « naturel. »
Le second fil conducteur fait écho à un effort continu de replacer les populations négligées au premier plan de discours concernant le changement climatique et la justice environnementale dans les pays du Sud (Camargo et Ojeda 2017). La thèse provocatrice de Rob Nixon (2011) sur la violence lente du mouvement écologiste offre un modèle environnemental crucial d’une économie d’abandon (Povinelli 2011), centré sur des questions d’accès aux ressources régulés de manière inégale par les institutions officielles, les groupes activistes et les communautés. Ce numéro propose de suivre son incitation à traiter du large spectre de violence quotidienne et de disparition qui émergent mondialement, et tente de ré-insister sur l’importance de la distribution inégale des champs visuels et des modes de visualisation dans une discussion des environnements naturels. Ces « droits visuels » distribués de façon inégale (Hochberg 2015) sont « ancré dans des conditions historiques et géopolitiques » de l’économie mondiale, et ont une relation complexe avec la violence, le pouvoir, et la gouvernance spatiale de la vie quotidienne.
Enfin, en complément des deux thèmes précédemment évoqués, nous souhaitons mettre en lumière les sens multiples du terme « extraction. » Ce numéro espère mobiliser cette notion d’extraction dans les domaines à la fois économique et des matières premières. Sandro Mezzadra et Brett Neilson (2013) postulent l’importance de l’intersection de l’extraction, de la logistique et de la finance dans l’économie mondiale. Les logiques de l’extraction sont intégrées dans les fluctuations destructrices, flexibles, et productrices des marchés financiers, qui déterminent la vitesse, les contours, et le fonctionnement des mouvements logistiques mondiaux. La production de frontières d’extraction, comme l’ont noté Jody Berland, Anna Tsing, et Macarena Gómez-Barris, implique un façonnage des expériences cognitives, culturelles, cartographiques, et temporelles. Cependant, ces infrastructures physiques et épistémologiques sont constamment mises à mal par les écologies dynamiques du temps météorologique, du climat, des médias, du travail, de la politique, et d’autres facteurs relatifs aux éléments. La logistique est une méthode qui permet de gérer ces perturbations, et la réalité des extractions veut que ces perturbations soient une partie intégrante du fonctionnement de l’économie mondiale. Comment la valeur extractive est-elle produite dans la fabrication matérielle et immatérielle d’une planète lisse ? Comment les images, la saisie de données, la cartographie, et le contrôle des environnements s’alignent-ils sur les impératifs industriels dans le contexte du capitalisme tardif, afin d’extraire et de gérer les ressources naturelles ? Comment l’étude des circuits mondiaux de population, de biens, et d’informations à travers ce que l’on peut appeler le « tournant logistique » offre-t-elle une alternative durable et oppositionnelle à l’accélération capitalistes des catastrophes ?
Les contributions attendues peuvent relever de toutes les disciplines dès lors qu’elles proposent une approche critique de l’intersection de ces différents champs d’études.
Les sujets peuvent explorer, entre autres, les pistes suivantes :
- Conceptualiser les médias environnementaux
- Le changement climatique et les infrastructures des médias (numériques)
- Géopolitique, guerre contre le terrorisme, et discours impériaux sur le climat
- Les spéculations sur les catastrophes
- Ecologies des médias
- Approches océaniques/atmosphériques de la circulation mondiale
- Extraction des ressources primaires
- Economies du gaspillage
- Futurs planétaires
- Ruralités et urbanités
- Post-humanisme et approches intra-espèces
- Queerification des médias et de l’environnement
- Anthropocène ou Capitalocène
- Le marxisme et la transformation de l’environnement
- Confronter la division nature/société et les catégories de l’humanisme libéral (droits, souveraineté, justice)
- Accès aux infrastructures et « droit à la ville »
Les soumissions pour la section avec comité de lecture doivent faire entre 5500 et 7500 mots et suivre les directives du Chicago Manual of Style (17 ème édition). Les images doivent être accompagnées d'une légende et des crédits photographiques.
Nous accueillons également chaudement critiques et comptes rendus de livres, conférences, festivals et expositions, et entrevues liées aux thèmes susdits. Les articles sans comité de lecture doivent faire au maximum 2500 mots, et inclure une bibliographie suivant les directives du Chicago Manual of Style (17 ème édition).
Les contributions rédigées en français et en anglais sont acceptées.
Les articles et essais doivent être soumis par email aux rédacteurs invités, Patrick Brodie (
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30 avril 2018. Nous vous informerons de notre décision avant le
31 mai 2018.