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655 #                                                                                                           Association Médicale Franco-Palestinienne 
 BP 33 - 13191 Marseille Cedex 20 FRANCE
Phone+Fax : +33 (0) 491 089 017
E-mail : [log in to unmask] 
Pierre-Alexandre Orsoni Président
Daniel Garnier Secrétaire
Daniel Amphoux Trésorier

Compte tenu du nombre abondant de dépêches concernant le retrait des forces militaires israéliennes du Liban après 22 ans d'occupation, nous vous proposons une sélection d'articles. Pour ceux qui souhaitent plus d'informations sur ce sujet, nous vous invitons une fois de plus à visiter le site "Israël - Monde Arabe" réalisé par notre ami Frédéric Darondeau, qui réalise à l'occasion de cet événement historique, une page spéciale Liban, regroupant un très grand nombres de liens : http://www.multimania.com/ima/liban.html
  Au sommaire du 66° POINT D'INFORMATION PALESTINE DU 24/05/2000 :
   
  Rendez-vous Irak à Clamart Les Etudiants Contre l'Embargo organisent un Café-débat : Irak, l'embargo culturel, le samedi 27 mai 2000 à 17h00, au Vieux Théâtre Saint-Jo à Clamart (92).

  Revue de presse Palestine
  1.. Dramatisation d'un retrait attendu depuis vingt-deux ans par Mouna Naïm in Le Monde du mercredi 24 mai 2000 
  2.. Israël a mis fin à 22 ans d'occupation au Liban Dépêche de l'agence Reuters du mercredi 24 mai 2000, 8h11 
  3.. Au Liban, la première guerre perdue d'Israël Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 24 mai 2000, 7h54 
  4.. Plus de 25 raids hier pour couvrir le retrait in L'Orient-Le Jour du mercredi 24 mai 2000 
  5.. Le commandant de l'ALS de retour au Proche-Orient Dépêche de l'agence Reuters du mardi 23 mai 2000, 21h52 
  6.. La prison de Khiam tombe, l'ALS est en lambeaux Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 20h34 
  7.. Le Liban refuse d'envoyer son armée avant un retrait total israélien Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 20h20 
  8.. L'heure des choix difficiles pour la France Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 19h40 
  9.. Des centaines d'habitants libèrent à mains nues les prisonniers de Khiam Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 19h29 
  10.. Liban : Jacques Chirac appelle la Syrie à la retenue Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 18h36 
  11.. Les Etats-Unis spectateurs passifs du retrait chaotique d'Israël du Liban Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 18h18 
  12.. Liban : Michel Aoun préconise une amnistie générale Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 16h48 
  13.. Israël digère mal son retrait humiliant du Liban Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 16h47 
  14.. Les négociations israélo-palestiniennes de Stockholm reprendront bientôt, selon M. Ben-Ami Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 15h26 
  15.. L'ALS, qui est-ce ? in L'Humanité du mardi 23 mai 2000 
  16.. Le désespoir de paix par Michel Muller in L'Humanité du mardi 23 mai 2000 
  17.. Pas de vendetta au Sud-Liban - une interview de Tanios Debbs, directeur général de la radio libanaise la Voix du peuple et membre du Bureau politique du Parti communiste libanais recueillis par Dominique Bari in L'Humanité du mardi 23 mai 2000 
  18.. Week-end de violences in Courrier international (On line) du mardi 23 mai 2000 
  19.. Une ONG met en garde contre le piège confessionnel au Sud in L'Orient-Le Jour du mardi 23 mai 2000 
  20.. Israel : Barak annonce officiellement le retrait israélien Dépêche de l'agence Reuters du mardi 23 mai 2000, 8h47 
  21.. L'Armée du Liban sud refusera de se désarmer par Mouna Naïm in Le Monde du mardi 23 mai 2000 
  22.. Kofi Annan veut doubler la FINUL et réclame des garanties de sécurité Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 0h43 
  23.. Une "nouvelle intifada" en Cisjordanie par Serge Dumont in Le Soir du lundi 22 mai 2000 
  24.. Israël connaît un avant-goût de la défaite avec le Hezbollah à sa frontière Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 23h17 
  25.. Consultations de Jacques Chirac sur la situation au Sud-Liban Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 20h49 
  26.. Les grandes dates de l'occupation israélienne du Liban depuis 1978 Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 19h30 
  27.. Bombardements américains dans le nord et le sud de l'Irak Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 18h29 
  28.. Liban : le Hezbollah récupère des villages abandonnés par Hussein Saad Dépêche de l'agence Reuters du lundi 22 mai 2000, 17h09 
  29.. L'homme du jour : Ehud Barak in L'Humanité du lundi 22 mai 2000 
  30.. Les négociations de paix secouées Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 16h27 
  31.. Trois des 13 juifs iraniens plaideront non coupable Dépêche de l'agence Associared Press du lundi 22 mai, 13h53 
  32.. Sud-Liban : Tsahal prêt à plier bagages à partir du 1er juin par Howard Goller Dépêche de l'agence Reuters du lundi 22 mai 2000, 14h41 
  33.. Les miliciens de l'ALS fuient le Liban pour Israël Dépêche de l'agence agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 13h58 
  34.. Manifestation du Hezbollah dans la zone occupée Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 12h29 
  35.. Elie Salem : L'homme des contrastes par Roula Mouaffak in Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 19 mai 2000 
  36.. Echanges d'attaques et d'accusations : La tension monte entre l'Iran et l'Irak par Samir Azar in Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 19 mai 2000


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Rendez-vous Irak à Clamart
Café-débat : Irak, l'embargo culturel - De retour d'une mission exploratoire en Irak, les membres de l'association Etudiants Contre l'Embargo font part de leurs témoignages sur la vie des étudiants et des artistes à Bagdad, le samedi 27 mai 2000 à 17h00, au Vieux Théâtre Saint-Jo - 54, rue du Moulin de Pierre (ou 1 bis, rue Barbaroux) à Clamart (92), sous la forme d'un café-débat, en présence du Père Jean-Marie Benjamin, ayant atterri à Bagdad le 5 avril dernier dans un avion de tourisme, en violation de l'embargo, et auteur de "Irak, l'Apocalypse" et de Brahim El-Fayad professeur de Droit à l'Université de Bagdad. Egalement, dès 16h, vous pourrez faire la découverte de la culture irakienne à travers quelques diapos, vidéo, musiques, livres, etc...
- Rens : Etudiants Contre l'Embargo - 120, bd Vincent Auriol - 75013 Paris - Tél./Fax : 01 44 23 75 66 

Revue de presse Palestine

1. Monde du mercredi 24 mai 2000
Dramatisation d'un retrait attendu depuis vingt-deux ans par Mouna Naïm 
ANALYSE : Nombre de problèmes demeurent sans solution 
UN CALENDRIER bousculé, les Nations unies placées devant le fait accompli de l'accélération du retrait israélien. Une évacuation désorganisée par la débandade de l'Armée du Liban sud et l'offensive du Hezbollah. Un emballement de la guerre jamais éteinte au Liban sud entre ce dernier et l'armée israélienne... Rien ne se passe comme prévu au Liban sud, alors même que nombre de problèmes demeurent sans solution.
Ironie tragique de l'Histoire : ce retrait qui aujourd'hui prend des allures dramatiques est requis, voire ordonné depuis... vingt-deux ans. C'est en effet après une incursion militaire israélienne au Liban sud, en 1978, que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 425 (et son modus operandi, la 426), exigeant de l'Etat hébreu de " cesser immédiatement son action militaire contre l'intégrité territoriale du Liban et retirer ses forces de tout le territoire libanais ".
L'Etat hébreu ne s'étant résolu à reconnaître cette résolution qu'en mars 1998, et encore à la condition d'en négocier les modalités d'application - ce que Beyrouth avait formellement refusé -, nul ne s'est jamais senti acculé par des échéances. Et la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul), créée en vertu de la résolution 425 pour " confirmer " le retrait, " rétablir la paix internationale et la sécurité et aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité effective dans la région ", n'a jamais pu se déployer que sur les seules parties du territoire évacuées par Tsahal. Après d'autres invasions - dont une jusqu'à Beyrouth en 1982 -, l'armée israélienne avait maintenu une " zone de sécurité " sur une bande de 850 kilomètres carrés dans la partie méridionale du pays du Cèdre.
QUATORZE " HAMEAUX " 
Si l'armée israélienne avait étalé son retrait jusqu'à la date butoir du 7 juillet qu'elle s'était elle-même fixée, et dont le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait été saisi, le délai de sept semaines aurait peut-être permis aux Nations unies de se préparer à prendre les choses en main. Même dans cette hypothèse idéale, nul n'avait la certitude que tout se passerait pour le mieux, tant la situation est complexe. C'est encore plus vrai aujourd'hui.
Certes, depuis qu'en avril Israël a saisi M. Annan, l'affaire a été prise au sérieux tant par le Liban et son tuteur syrien que par le Conseil de sécurité. Mais se saisir d'une affaire est une chose et trouver des solutions en est une autre. Nombreuses les questions qui attendent des réponses.
La résolution 425 parle de " frontières internationalement reconnues ". Pour l'ONU, ce sont celles de 1923, qui séparaient le Liban de la Palestine du mandat britannique - frontière tracée, mais non totalement bornée. Mais une bande de terre fait aujourd'hui problème. Longue de quelque 25 kilomètres sur une largeur de 13 à 14 kilomètres, elle a été au coeur des débats ces dernières semaines, sous l'appellation des quatorze " hameaux de Chebaa ", du nom de la localité libanaise Chebaa, dont les habitants sont les propriétaires. L'armée israélienne l'a occupée lors de la guerre israélo-arabe de juin 1967, à laquelle le Liban n'a pas participé. Aujourd'hui, ce sont des casques bleus de la Fnuod (Force des Nations unies pour l'observation du désengagement) qui y sont déployés. La Fnuod a pour mission, depuis 1974, de maintenir le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie et d'observer leur désengagement.
LE MANDAT DE LA FINUL 
Pour Beyrouth, l'application par Israël des résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité suppose la restitution des " hameaux de Chebaa ". Le gouvernement libanais a adressé à M. Annan des documents attestant que ces terres sont la propriété de Libanais, des relevés cadastraux et des copies d'un accord conclu entre le Liban et la Syrie dans les années 60 à leur sujet. Le président du Parlement, Nabih Berri, affirme par ailleurs être en possession d'une carte officielle américaine confirmant la " libanité " de ces terres.
Ce qu'Israël conteste. Et M. Annan lui a donné raison, lundi, dans ses recommandations au Conseil de sécurité. Pour l'Etat hébreu, lesdits " hameaux " - qui n'en sont plus puisqu'il a construit en leur lieu et place des sites touristiques et un important centre de renseignement - font partie du territoire syrien et ne sont donc pas concernés par les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité. Pour M. Annan, l'évacuation de ce petit bout de territoire relève des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Comment le Liban va-t-il réagir ? 
M. Annan a préconisé, lundi, le renforcement des effectifs de la Finul. Mais, jusqu'à la fin de la semaine dernière, les avis au sein du Conseil de sécurité étaient partagés sur les moyens de le faire. Faut-il ou non pour cela une nouvelle résolution, même simplement " technique ", du Conseil ? Faudra-t-il modifier le mandat de la Finul et lui accorder un droit d'intervention pour interdire tout ce qui pourrait entraver le " rétablissement de la paix internationale et de la sécurité ", dont elle est, entre autres, chargée ? En outre, comme M. Annan l'a dit lui-même, encore faut-il qu'ils ne servent pas de chair à canon entre les protagonistes. Les pays contributeurs, au premier chef la France, que tout le monde veut envoyer sous le prétexte qu'elle est l'" amie " de tous, singulièrement du Liban, exigent des garanties.
De l'avis assez général, le Hezbollah, qui est aujourd'hui la colonne vertébrale de la résistance à l'occupant israélien, mettra fin à ses actes de guerre une fois que le dernier soldat israélien aura définitivement quitté le dernier pouce du territoire libanais. Mais le Hezbollah, qui n'a jamais lui-même dit ce qu'il ferait, contrôle-t-il entièrement ses troupes ? Des formations extrémistes ne risquent-elles pas d'être tentées de prendre la relève ou d'être poussées à le faire ? 
Enfin, ceux des miliciens de l'Armée du Liban sud, la milice auxiliaire d'Israël, qui n'auront pas pris le chemin de l'exil ou qui ne seront pas livrés aux autorités libanaises ne risquent-ils pas d'être animés d'un esprit de vengeance et de se livrer à des actes de provocation, entraînant une nouvelle spirale de la violence ?
 
2. Dépêche de l'agence Reuters du mercredi 24 mai 2000, 8h11
Israël a mis fin à 22 ans d'occupation au Liban
PASSAGE DE FATMA/MARJAYOUN - Les derniers soldats israéliens déployés dans le sud du Liban ont regagné Israël, mettant fin à une occupation militaire qui a duré 22 ans et coûté à l'armée israélienne plus de 900 hommes. 
Dans le même temps les canons se sont tus dans tout le Sud-Liban, mercredi à l'aube, après l'annonce par Israël de la fin du retrait. Les forces israéliennes avaient couvert leur retrait par des raids aériens et des barrages d'artillerie dirigés contre les positions de l'organisation du Hezbollah. 
Israël contrôlait certains secteurs du sud du Liban depuis l'"opération Litani" lancée en 1978; la zone d'occupation dont Tsahal vient se retirer avait été instaurée en 1985 après un retrait de secteurs situés plus au nord, envahis lors des combats de 1982. 
Les deux derniers soldats israéliens ont abaissé la barrière au point de passage frontalier de Fatma, au terme d'une longue nuit qui a vu défiler militaires et véhicules blindés regagnant Israël. Quelques minutes auparavant, Sharon Grinker, porte-parole de l'armée israélienne, avait annoncé que le soldat refermant la barrière serait "le dernier soldat israélien au Sud-Liban". 
Les combattants du Hezbollah, organisation chiite qui menait une guerre d'usure contre la présence israélienne et la milice ALS, ont tiré des coups de feu en l'air pour fêter l'événement, tout en faisant marche en direction de la frontière. 
Les combattants chiites, à pied et à bord de véhicules, sont entrés dans la ville chrétienne de Marjayoun, plus important centre d'habitation de l'ex- zone d'occupation et dernier secteur à avoir été évacué par Israël et l'ALS (Armée du Liban-Sud). Les cloches sonnaient et les habitants étaient descendus dans les rues après une nuit sans sommeil, pour assister à l'arrivée du Hezbollah et au retour de civils qui avaient fui leurs domiciles au cours de la période d'occupation. 
Le Premier ministre israélien Ehud Barak avait promis, en arrivant au pouvoir l'an dernier, de retirer d'ici le 7 juillet de cette année l'armée israélienne du Sud-Liban, où le harcèlement du Hezbollah lui infligeait des pertes. 
Il a fait accélérer ce repli cette semaine lorsque les positions transférées par Israël à l'Armée du Liban-Sud sont tombées sans aucune difficulté aux mains du Hezbollah. 
A New York, le Conseil de sécurité a adopté un plan de l'Onu visant à vérifier le retrait militaire israélien et à aider Beyrouth à asseoir son autorité sur le Sud-Liban. Le gouvernement libanais a de son côté promis de coopérer avec les forces de maintien de la paix de l'Onu dans la foulée du retrait. 

3. Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 24 mai 2000, 7h54
Au Liban, la première guerre perdue d'Israël
JERUSALEM - Israël avait perdu des batailles dans le passé, jamais encore une guerre: comme d'autres pays confrontés à une résistance populaire, l'Etat juif goûte pour la première fois depuis sa création en 1948, aux fruits amers de la défaite. 
Cette rude leçon ne modifie pas l'équilibre stratégique entre Israël et les armés arabes, sur lesquelles Tsahal garde sa supériorité, mais elle risque d'encourager l'émergence de nouvelles guérillas, notamment palestiniennes, selon des analystes. 
"C'est la première fois qu'Israël perd une guerre, mais elle a été perdue le jour même où elle l'a avait déclenchée", il y a vingt trois ans, affirme l'historien militaire martin Van Creveld. 
"Tout comme les Américains au Vietnam, les Russes en Afghanistan, Israël n'a pu l'emporter sur une guérilla soutenu par la population", souligne t-il. 
"En combattant des faibles, c'est l'armée israélienne (Tsahal) qui s'est affaiblie et dans un sens toute la société israélienne qui ne supporte pas le prix de la présence de ses soldats au Liban sud", souligne t-il. 
Selon ce chercheur, cette faillite ne devrait pas avoir d'implication sur l'équilibre des forces avec la Syrie et d'autres pays arabes, "qui savent très bien quel est le potentiel militaire israélien". 
En revanche, la victoire du Hezbollah (chiite) pourrait pousser des Palestiniens à s'en inspirer et à créer un terrain fertile à une nouvelle Intifada (soulèvement populaire) palestinienne, sur fond d'impasse des négociations de paix, selon lui. 
"Israël s'est retiré parce que notre population ne supportait plus de payer par la mort de vingt soldats par an en moyenne le prix de la présence de l'armée au Liban, mais on ne peut parler pour autant de débâcle militaire", affirme Shlomo Brom, un des principaux chercheurs de Centre Jaffee sur les études stratégiques de l'université de Tel Aviv. 
Ce général de réserve reconnaît que le retrait israélien risque de "renforcer chez certains de ses ennemis l'idée qu'Israël est vulnérable" mais ils auraient tort selon lui d'en tirer des conclusions trop radicales, Israël n'étant pas engagé pour une lutte pour son existence au Liban. 
"Les images du retrait sont certes humiliantes mais il n'en reste pas moins qu'Israël a fait le seul choix raisonnable et qu'à long terme il en ressortira renforcé" estime pour sa part le Président de la commission des affaires étrangères et de la Défense du parlement, Dan Meridor. 
"A partir du moment où la +zone de sécurité+ (qu'occupait Israël au Liban sud) ne remplissait plus son rôle protecteur puisqu'elle était incapable d'empêcher des bombardements par roquettes Katioucha contre nos localités civiles, il fallait la quitter", a-t-il déclaré à l'AFP. 
"Le retrait comporte bien entendu bien des dangers, mais c'est le moindre mal", note-t-il. 
L'essentiel, selon lui, est qu'Israël se dégage du bourbier libanais, "dans lequel la Syrie voulait le piéger". 
M. Barak avait promis, lors des élections qui l'ont porté au pouvoir en mai 1999, le retrait des troupes du Liban, mais il a échoué à conclure un accord avec Beyrouth et Damas, l'un des principaux soutiens du Hezbollah, qui mène depuis 1985 la lutte armée contre l'occupation. 
Il a dans le même temps mis en garde à plusieurs reprises contre des représailles massives si les soldats et la population israéliens étaient la cible d'attaques du Hezbollah.
 
4. L'Orient-Le Jour du mercredi 24 mai 2000
Plus de 25 raids hier pour couvrir le retrait
Le retrait israélien de la quasi-totalité de la zone de sécurité, au cours des dernières vingt-quatre heures, s'est accompagné d'une série de raids et de bombardements qui ont fait plusieurs blessés dans les rangs libanais.
Selon les correspondants de presse dans la région méridionale du pays, l'aviation de l'État hébreu a mené durant la seule journée d'hier plus de 25 raids et son artillerie a tiré près de 250 obus pour dégager un groupe de soldats israéliens qui étaient isolés dans leur position à la lisière du secteur oriental de la bande frontalière.
Les chasseurs-bombardiers ont tiré plus de 50 missiles air-sol sur les alentours de la position de Tallet Zaghlé. Les appareils israéliens ont notamment visé trois ponts reliant la zone occupée aux localités de Mimes et Zemraya. Dans la journée, l'aviation israélienne a également tiré six missiles air-sol sur les abords de l'ancienne position israélienne de Blat. Des hélicoptères ont en outre ratissé à plusieurs reprises à la mitrailleuse lourde les environs de la localité en question.
Dans le même temps, l'artillerie israélienne pilonnait, en tirant des salves de dix obus à la fois, un secteur jouxtant le sud de la Békaa. Les tirs israéliens se sont poursuivis avec la même intensité durant près de quatre heures, jusqu'à la sortie du groupe de militaires israéliens qui se trouvaient toujours à Tallet Zaghlé. Quatre miliciens de l'ALS qui se trouvaient dans cette position ont été relâchés en route, ont indiqué des sources de sécurité à Rachaya qui n'ont pas précisé ce qu'il est advenu d'eux.
Par ailleurs, des dizaines d'obus israéliens ont visé hier en fin d'après-midi le village de Debbine où plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées. 
Des habitants de Debbine ­ village situé à la sortie Est de Marjeyoun ­ et des centaines d'autres venus en voitures depuis le sud de la Békaa étaient rassemblés dans la localité et avaient annoncé leur intention de progresser vers Majeyoun.
D'autre part, trois miliciens du Hezbollah à bord d'un blindé abandonné par l'ALS ont été blessés dans la journée d'hier par les tirs d'un hélicoptère israélien. Les trois jeunes gens étaient venus avec les centaines d'habitants qui avaient afflué à Yarine, dans le secteur occidental de la bande frontalière, après son abandon hier matin par l'ALS.
Signalons, en outre, que deux civils libanais ont également été blessés hier par un tir israélien qui a visé leur voiture près de Adaïssé à la frontière libano-israélienne.
Il convient d'indiquer, en conclusion, que dans la matinée d'hier, le Hezbollah avait «conseillé» aux habitants du nord d'Israël de «rester dans les prochains jours» dans les abris.
Une femme et son nourrisson tués par un char
Une femme et son nourrisson ont été tués hier, leur voiture ayant été écrasée par un char à bord duquel avaient pris place des partisans du Hezbollah qui fuyaient, tandis qu'un hélicoptère israélien les pourchassait.
Hanane Dib, 32 ans, et son fils d'un an, Qassem Salman, ont été tués sur le coup. Le frère de la jeune femme, sa belle-mère, 80 ans, et son neveu de deux mois ont été sérieusement blessés.
Les jeunes gens, qui arboraient des drapeaux du Hezbollah, étaient montés sur le char abandonné et se dirigeaient vers cette zone évacuée le matin même par les miliciens de l'ALS.
Ils ont été saisis de panique à l'approche d'un hélicoptère israélien qui les a pris en chasse et ont écrasé la voiture à bord de laquelle se trouvaient les victimes, des habitants de Tyr.
 
5. Dépêche de l'agence Reuters du mardi 23 mai 2000, 21h52
Le commandant de l'ALS de retour au Proche-Orient
JERUSALEM - Le général Antoine Lahd, commandant de l'Armée du Liban-Sud (ALS), a regagné dans la soirée le Proche-Orient en provenance de Paris. 
Le ministère israélien de la Défense a annoncé que son avion s'était posé tard dans la soirée sur l'aéroport international Ben-Gourion de Tel Aviv. 
Antoine Lahd se trouvait en France depuis quelques jours. 
Il est rentré à temps pour assister à la débâcle de ses troupes, financées par Israël. 
Selon la radio militaire israélienne, le général Lahd devait s'entretenir avec le Premier ministre israélien Ehud Barak du sort de l'ALS. 
La milice supplétive d'Israël dans le sud du Liban a compté jusqu'à 2.600 hommes. Plusieurs centaines d'entre eux auraient franchi la frontière israélienne pour demander l'asile. De nombreux autres ont déserté et se sont livrés aux combattants chiites du Hezbollah. 

6. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 20h34
La prison de Khiam tombe, l'ALS est en lambeaux
BEYROUTH - Le principal symbole de l'occupation israélienne au Liban sud, la prison de Khiam, est tombé mardi, dans le sauve-qui-peut général de l'Armée du Liban sud (ALS, supplétive d'Israël) et le retrait au pas de course de l'armée israélienne. 
Les 144 Libanais de Khiam ont été libérés dans l'après-midi par une foule en délire, aux cris d'"Allah Akbar" (Dieu est le plus grand), alors que les miliciens pro-israéliens qui gardaient ce centre de détention fuyaient en tirant en l'air, a constaté une journaliste de l'AFP. 
En fin d'après-midi, des centaines de ces miliciens, accompagnés des membres de leurs familles, attendaient près du village de Kfar Kila, à la "Porte de Fatima", pour entrer en Israël. 
Près de la moitié des effectifs de l'ALS, soit quelque 1.250 miliciens, se sont livrés à l'armée libanaise et aux mouvements chiites anti-israéliens, Hezbollah et Amal, selon une source des services de sécurité. 
Dans la foulée de l'effondrement de l'ALS, sa radio, la "Voix du Sud", a cessé d'émettre mardi soir, alors que son chef, Antoine Lahad, est arrivé à Tel-Aviv en provenance de Paris, où il se trouvait depuis la semaine dernière. 
A Marjayoun, chef-lieu de la zone occupée, à 8 km de Khiam, les quartiers généraux de l'armée israélienne et de l'ALS semblaient déserts mardi en fin d'après-midi, selon un journaliste de l'AFP. 
Des dizaines de combattants du Hezbollah ont pénétré en fin d'après-midi dans la ville druze de Hasbaya, ainsi que dans neuf villages du secteur oriental. Simultanément, l'artillerie israélienne a bombardé le village de Debbine, à l'est de Marjayoun, où plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées. 
Selon la télévision israélienne, Tsahal n'occupait plus mardi que huit positions fortifiées au Liban sud. "Le retrait israélien du Liban est pratiquement achevé. Il ne faut que quelques heures pour le réaliser", a ajouté la télévision. 
Le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, a appelé les miliciens de l'ALS dans le secteur oriental à se rendre, assurant qu'"ils seraient remis à l'Etat libanais pour qu'ils soient équitablement jugés". 
Israël a annoncé pour sa part qu'il allait les accueillir "jusqu'à la fin de la pagaille au Liban". "Ils peuvent décider de rester ou de s'en aller", a indiqué le porte-parole du ministère israélien de l'Intérieur Moshé Mosko. 
Mais le chef de la diplomatie israélienne David Lévy a appelé Beyrouth à déployer ses troupes au Liban sud. "Le gouvernement libanais doit assumer ses responsabilités, car dans le cas contraire, il montrerait que d'autres éléments lui dictent sa conduite et en serait donc responsable", a-t-il ajouté en allusion au Hezbollah. 
A New York, l'ONU a affirmé que le Hezbollah n'avait pas pris le contrôle des villages évacués. 
Pour leur part, des habitants d'Aalma ach-chaab, premier village chrétien "libéré" de la zone occupée, ont souhaité ardemment l'arrivée de l'armée libanaise car ils ont peur en dépit des assurances prodiguées par leurs compatriotes musulmans et chiites. 
Le chef du Hezbollah a par ailleurs averti que la "résistance militaire contre Israël" se poursuivrait tant que les fermes de Chebaa resteront occupées et que les Libanais prisonniers des Israéliens ne seront pas libérés "y compris cheikh Abdel Karim Obeid et Moustapha Dirani", deux chefs intégristes libanais détenus en Israël. 
Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan avait laissé entendre, dans son rapport au Conseil de sécurité lundi, que les fermes de Chebaa se trouvaient en territoire syrien, comme l'affirme Israël, et non libanais, comme le proclame Beyrouth. 
Le Premier ministre libanais Salim Hoss a cependant assuré que son pays "coopèrerait sans limite" avec l'ONU après le retrait israélien "tout en nous accordant le droit, de réclamer ultérieurement la restitution des fermes de Chebaa". 
Cependant, un officier supérieur libanais a affirmé que son armée ne se déploierait pas dans le sud avant notamment un retrait total israélien et un déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), dont M. Annan a recommandé lundi de porter les effectifs de 4.500 à 7.935 soldats. La FINUL a indiqué pour sa part ne pas s'attendre à de grands risques d'explosion ni à des obstacles majeurs à sa mission.
 
7. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 20h20
Le Liban refuse d'envoyer son armée avant un retrait total israélien
BEYROUTH - Le Liban refuse de déployer son armée au Liban sud avant notamment un retrait total israélien et un déploiement des forces de l'ONU en dépit des appels inquiets des habitants de la zone occupée. 
"Le déploiement de l'armée au Liban sud n'est pas planifié pour le moment" a indiqué mardi à l'AFP un officier supérieur. 
La première exigence posée par le pays du Cèdre est d'abord que les Nations unies, conformément aux résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité, constatent que le retrait israélien est total et incontestable après que la Force intérimaire (FINUL) se fut déployée. 
Les autres conditions sont qu'Israël ne viole plus l'espace aérien et maritime du Liban, et libère tous ses prisonniers libanais. 
Enfin, Beyrouth ne cache pas qu'il ne jugera la paix acceptable que si son puissant voisin, la Syrie, récupère le plateau du Golan. 
Le président Emile Lahoud dans un message à la nation diffusée ce week end a exhorté ses concitoyens du sud à ne pas avoir peur du retour à la mère-patrie, sans mentionner le déploiement des forces armées. 
Dès le 19 mai, le ministre libanais de l'Intérieur Michel Murr avait indiqué que l'armée régulière ne se déploiera pas, affirmant que l'Etat y sera représenté par la gendarmerie et l'administration. 
Pourtant les raisons qui poussent les habitants des zones libérées à souhaiter la présence de l'armée sont au moins de trois ordres. 
Les craintes dans la fraction chrétienne de la population sont d'abord que le Hezbollah chiite intégriste ne fasse la chasse aux anciens partisans de la droite chrétienne, supposés avoir été pro-israéliens. 
Dans la fraction chiite, ensuite, elles sont que la présence d'un Hezbollah intégriste, fier de sa victoire sur le puissant Israël, ne veuille en découdre avec ses rivaux de toujours, Amal (chiite pro-syrien) ou les communistes, autrefois influents, pour le contrôle des villages. 
Dans l'ensemble de la population, la crainte est de voir se perpétuer les représailles israéliennes soit parce que le Hezbollah continuerait sa guerre sainte contre Israël, soit parce que les factions palestiniennes radicales basées à Damas prendraient le relais. 
La Syrie, qui exerce une domination sans partage sur le Liban où elle déploie 35.000 soldats, est soupçonnée de ne pas vouloir une consolidation de la situation au Liban après le retrait israélien sans avoir obtenu au préalable un accord de paix avec Israël qui lui restituerait le plateau du Golan occupé en 1967 puis annexé par l'Etat hébreu. 
Ne pas déployer l'armée libanaise serait donc un moyen d'entraver les efforts israéliens d'obtenir la paix sans faire de concessions à la Syrie. 
Selon une personnalité libanaise pro-syrienne, l'objectif de la Syrie est de fragiliser la situation au Liban sud après le retrait sans pour autant provoquer d'escalade, et la consolider uniquement après un accord syro-israélien. 
Le chef de la diplomatie israélienne David Lévy a appelé le gouvernement libanais à "amener ses forces au Liban sud". "Le gouvernement libanais doit assumer ses responsabilités, car dans le cas contraire, il montrerait que d'autres éléments lui dictent sa conduite et en serait donc responsable", a-t-il ajouté en allusion au Hezbollah chiite. 
Le secrétaire d'Etat américain Madeleine Albright a également appelé mardi le Liban à envoyer des troupes dans le sud du pays. "Le peuple libanais veut être responsable de son pays", a dit Mme Albright. "Il en a la possibilité, et il serait bon que l'armée libanaise puisse le faire d'une manière ordonnée", a-t-elle ajouté. 
Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan s'est pour sa part voulu rassurant mardi. Ce n'est pas le Hezbollah qui a pris le contrôle des villages abandonnés par Israël mais les troupes de la Force intérimaire des Nations unies (FINUL), a-t-il affirmé, bien que le déploiement des Casques bleus sur le terrain n'ait pas encore été observé.
 
8. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 19h40
L'heure des choix difficiles pour la France
PARIS - La France, prise de court par le retrait précipité des forces israéliennes du Liban sud, cherche à obtenir le maximum de garanties avant de s'impliquer dans une nouvelle force de l'ONU. 
Toutefois, la déroute de la milice libanaise pro-israélienne de l'ALS, l'avancée du Hezbollah chiite dans les zones évacuées au Liban sud et l'impuissance des Casques bleus de l'ONU déployés dans la région à faire face à la situation, risquent de créer une nouvelle donne sur le terrain, mettant en péril la mission d'une nouvelle force internationale avant même qu'elle ait commencé. 
Conscient du danger, le président français Jacques Chirac a lancé mardi à un appel pour "engager chacun au calme et à la sérénité", après le retrait israélien du Liban-sud, et a demandé à la Syrie "de ne rien faire qui puisse, à un titre ou à un autre, être interprété comme une provocation". 
Au cours d'une conférence de presse à Santander (Espagne), M. Chirac a affirmé que "la France examinera de façon très ouverte et très compréhensive" les propositions que pourrait être amené à faire le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan pour le maintien et le renforcement de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban). 
M. Annan a proposé lundi de renforcer la FINUL en la portant de 4.500 à 7. 935 soldats. Il a également dépêché dans la région son envoyé spécial, le diplomate norvégien Terje Roed Larsen, qui devrait arriver mercredi à Beyrouth. 
La mission de ce dernier était réclamée par la France, visiblement insatisfaite jusqu'à présent de l'absence de garanties sur une éventuelle participation de Casques bleus français à une FINUL renforcée, dont ils constitueraient le fer de lance. 
"Nous ne voulons pas des engagements vagues", a souligné mardi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne Gazeau-Secret, réclamant le désarmement de l'ALS et soulignant que "l'attitude du Hezbollah" sera aussi un "élément majeur dans l'évaluation de la situation le moment venu". 
En clair, la France, déjà présente au sein de l'actuelle force de l'ONU, est partagée entre son désir d'aider le Liban et la crainte de se retrouver enlisée dans un nouveau bourbier. 
Si "la France devait décider une participation (à la FINUL), ce serait forcément une mission dangereuse" tant pour les Casques bleus que pour la communauté internationale qui serait "discréditée" si cette force ne menait pas à bien sa mission, a averti lundi le ministre français de la défense Alain Richard. 
Pour le chef de la diplomatie Hubert Védrine, "si la situation est telle que le président Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin décident que la France sera présente dans une nouvelle FINUL, alors il faudrait examiner les conditions du mandat et du commandement". 
Paris veut obtenir l'"engagement de tous les membres du Conseil de sécurité" à donner leur "plein soutien pour les démarches visant à renforcer et redéployer la FINUL", selon le Quai d'Orsay. Un tel soutien est actuellement loin d'être acquis alors que les Etats-Unis ne paraissent pas vouloir participer eux-mêmes à une telle force. 
"La France se déterminera lorsque toutes les garanties du succès de cette opération auront été obtenues", ajoute-t-on au ministère. 
M. Védrine a également réaffirmé la nécessité pour la France de connaître "l'attitude des Syriens, des Libanais et des Israéliens" avant de se déterminer. 
La Syrie, puissance dominante au Liban, refuse de donner la moindre indication sur d'éventuelles garanties de sécurité qui affaibliraient sa position vis-à-vis d'Israël. Pour sa part, le Hezbollah, qui multiplie ses exigences, se réserve le droit de continuer ses tirs contre Israël, même après la fin du retrait israélien. 
Autant d'impondérables qui poussent aujourd'hui la France, dont la présence est souhaitée par plusieurs parties, à la plus grande prudence.

9. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 19h29
Des centaines d'habitants libèrent à mains nues les prisonniers de Khiam
KHIAM (Liban) - Le principal symbole de l'occupation israélienne au Liban sud, la prison de Khiam, est tombé mardi dans un assaut à mains nues de centaines d'habitants qui ont forcé les portes de la prison, libérant les quelques 144 détenus. 
Aux cris d'"Allah akbar!" (Dieu est le plus grand), plus de 500 habitants, dont des parents des détenus, se sont rués les poings tendus vers la prison, située sur une colline, dévalée au même moment par ses gardiens, des miliciens de l'Armée du Liban sud (ALS, milice pro-israélienne), à bord d'une quarantaine de voitures civiles et d'un transport de troupes. 
Pris dans la foule qui a commencé à frapper du poing sur les véhicules, les miliciens ont tiré en l'air pour se dégager. Ils se sont ensuite dirigés vers la région de Majidiyé, à proximité de la frontière israélienne. 
Les habitants sans armes se sont ensuite précipités vers la prison, renversant les barbelés sur leur passage, enfonçant les portes des cellules avec tout ce qui leur tombait sous la main, barreaux arrachés des fenêtres, bâtons de chaises, les fracassant même à coups de pierre, pour rejoindre les détenus, dont certains sont emprisonnés sans jugement depuis plus de 15 ans. 
Les prisonniers ont soudain émergé par petits groupes, pâles, hébétés, clignant des yeux à la lumière du jour. 
"Qui êtes-vous, où sont les gardiens, qu'est-ce qui se passe?", crie un prisonnier barbu, hésitant un instant avant de commencer à chercher des membres de sa famille ou un visage familier parmi la foule. 
"Où est ma femme, je veux ma femme, ou est ma famille? Je ne l'ai pas vue depuis 10 ans", supplie un autre détenu sorti de sa cellule, un Coran à la main. Comprenant ce qui se passe, il se prosterne, puis s'effondre, en larmes. 
Un groupe de jeunes armés de bâtons se précipite vers une cellule, d'où une voix implore: "Sauvez-moi, sauvez-moi, je veux mes enfants!". La porte est enfin abattue. Un prisonnier apparaît, leur crie: "Je ne vous connais pas, mais vous êtes mes frères, ma famille, les fiers résistants de mon pays!". 
"Cosette, Cosette, nous sommes ici!", crie un groupe de journalistes à une jeune femme portant un sac qui se tient seule, comme perdue dans la foule. Les journalistes l'enlacent, l'entraînent à l'écart. 
Cosette Ibrahim, journaliste chrétienne de 24 ans, était détenue depuis 9 mois à Khiam, accusée par l'ALS de transmettre des renseignements à la résistance libanaise. Reporters sans frontières et Amnesty International ont dénoncé son incarcération. 
"Nous ne savions pas ce qui se passait. Nous avons seulement entendu des voix venant de l'extérieur et criant +Allah akbar!+. Nous avons alors commencé à crier, à leur répondre: +Allah akbar!", explique-t-elle. 
"Nous savions que les Israéliens allaient se retirer, mais nous ne nous attendions pas à être libérés si vite. C'est le plus beau jour de ma vie. Je voudrais rencontrer Souha Bichara", ajoute-t-elle. 
Souha Bichara, qui effectue actuellement des études de droit à Paris, a été libérée en 1999 par l'ALS de la prison de Khiam, au terme de 10 ans de détention. Jeune militante communiste, elle avait attenté à la vie du chef de cette milice, le général Antoine Lahad, le blessant grièvement. 
Les habitants de Khiam ont ensuite emmené les ex-prisonniers en voiture pour les faire défiler dans les rues en liesse de la localité, où des milliers d'habitants les ont fêtés, leur jetant du riz, des fleurs, entonnant des chants patriotiques, agitant des drapeaux libanais. 
De nombreux détenus portaient des "souvenirs" dérobés à la prison. Des menottes, des barres de fer avec lesquelles, ils ont, disent-ils, été battus. L'un d'entre eux traînait même derrière lui une chaise de bureau. "C'est la chaise du directeur de la prison, sur laquelle s'est assis le traître Antoine Lahad!", criait-il à tue-tête. 
"Je ne veux pas oublier, je veux me souvenir, je veux que mes enfants sachent les souffrances que les traîtres nous ont fait subir!", tonnait-t-il.
 
10. Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 18h36
Liban : Jacques Chirac appelle la Syrie à la retenue
SANTANDER, Espagne - Le président français Jacques Chirac a appelé mardi la Syrie à la retenue, au moment où les forces israéliennes accélèrent leur retrait du Liban-Sud. 
''Nous avons mis toute notre intervention pour engager chacun au calme et à la sérénité'', a souligné M. Chirac lors de la conférence de presse de clôture du sommet franco-espagnol à Santander. 
Il a ajouté qu'il souhaitait ''vivement'' que la Syrie ne s'associe pas aux ''opérations de sécurité à l'égard de la frontière d'Israël'' et ne fasse rien qui puisse être ''interprété comme une provocation.'' 
Pour Jacques Chirac, la Syrie est ''un pays avec lequel nous avons de très bonnes relations et qui ne doit en aucun cas être isolé.''
 
11. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 18h18
Les Etats-Unis spectateurs passifs du retrait chaotique d'Israël du Liban
WASHINGTON - Les Etats-Unis, préoccupés par la confusion entourant le retrait israélien du Liban sud, sont réduits à un rôle de spectateur passif et se contentent d'appeler à la retenue. 
Aux vues des déclarations officielles américaines, il apparaît que Washington, pourtant omniprésent dans la diplomatie proche-orientale, n'est pas intervenu dans la décision d'Israël d'accélérer le départ de ses troupes. 
Laconique, le porte-parole de la Maison Blanche s'est limité à soutenir mardi du bout des lèvres un retrait sous les auspices des Nations unies. 
Aucun contact avec Damas, qui maintient toujours des troupes au Liban, n'est envisagé à ce stade par le président Bill Clinton, tandis qu'un envoi de forces américaines au Liban sud n'est pas évoquée, a poursuivi Joe Lockhart. 
Un responsable du département d'Etat a pour sa part confié que son pays n'était pas "paniqué" par l'agitation consécutive au départ anticipé des troupes israéliennes. 
"Il y a une certaine agitation associée au retrait, mais les paramètres et les objectifs sont clairs", a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat. 
L'implication américaine se limite à une diplomatie du téléphone. 
Le secrétaire d'Etat Madeleine Albright a demandé lundi à des dirigeants de la région de faire preuve de retenue et de coopérer avec les Nations unies. 
"Il ne fait pas de doute que les Etats-Unis ont été considérablement surpris" par ce retrait anticipé, explique à l'AFP Patrick Clawson, du Washington Institute for Near East Policy Center. 
Selon lui, Washington n'est pas du tout impliqué dans les développements actuels et aurait préféré "une sorte d'accord informel avec la Syrie pour éviter que le retrait (d'Israël) provoque de telles tensions". 
Le 26 mars, à Genève, le président Clinton n'avait pas réussi à convaincre son homologue syrien Hafez al-Assad de remettre le processus de paix avec Israël sur les rails, laissant par la même en suspens le dossier libanais. 
"Les Etats-Unis doivent insister auprès de Damas sur le fait qu'il n'est pas dans son intérêt de laisser le Hezbollah attaquer le nord d'Israël", conclut Patrick Clawson. 
Pour l'ancien ambassadeur de la Ligue arabe à Washington, le professeur Clovis Maksoud, la confusion qui règne dans la "zone de sécurité" doit inciter Washington à "admettre son erreur d'avoir accepté la conception de la sécurité appliquée par Israël depuis près de 20 ans dans cette région". 
Pour le professeur Reuven Paz, spécialiste au Washington Institute de la milice chiite libanaise Hezbollah, les Etats-Unis ont en réalité été "pris de court par la rapidité de la décision israélienne de se retirer". 
"Au point que la diplomatie française paraît plus au fait des derniers développements sur le terrain. Ce n'est pas un hasard si le Premier ministre Ehud Barak a téléphoné lundi à Jacques Chirac", a-t-il estimé. 
Pour cet expert, le risque immédiat d'une détérioration de la situation réside dans "des appels pressants du mouvement islamiste Hamas en vue d'une libanisation des territoires palestiniens, autrement dit une guérilla contre Israël". 
"Le Hamas constate que cela fonctionne pour le Hezbollah puisque qu'Israël quitte le Liban et souhaite appliquer un scénario identique dans les territoires palestiniens", estime-t-il. 
"Les Etats-Unis n'en sont pas encore à échaffauder de tels scénarios", considère pour sa part le professeur Mary Jane Deeb, de l'American University. 
Selon elle, "les Etats-Unis s'inquiètent avant tout d'un recul du processus de paix avant la fin de la présidence de Bill Clinton (en janvier) d'une reprise de la guerre civile ou d'une attaque israélienne contre des positions syriennes".
 
12. Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 16h48
Liban : Michel Aoun préconise une amnistie générale
PARIS - Le général Michel Aoun, ancien Premier ministre libanais exilé en France, a estimé mardi que pour restaurer ''l'unité nationale'' au Liban, ''il faut amnistier tout le monde'' et mettre en place ''une commission d'enquête internationale sur les crimes contre l'humanité'' commis dans le pays. 
Pour ce chrétien maronite, interrogé sur France Inter, les actions commises par les miliciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS), auxiliaires d'Israël, ne sont ''pas moins dures que les crimes contre l'humanité à Beyrouth, que les éventrements qui ont été faits dans la montagne et les attentats à la bombe qui ont fait des centaines et des centaines de morts.''
 
13. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 16h47
Israël digère mal son retrait humiliant du Liban
JERUSALEM - Israël, sans conteste la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient, s'est retiré dans la débandade du Liban, un repli trop précipité, estiment certains analystes, en l'absence d'une force de l'ONU capable de combler le vide. 
"Jour d'humiliation pour Israël", affirme en caractères gras la une du plus grand quotidien israélien, Yediot Aharonot. "Jamais le Hezbollah (chiite libanais) n'avait rêvé de conquérir 20 pc de la zone de sécurité en quelques heures, comme à la parade, sans même tirer une balle", souligne l'éditorial du journal. 
Le Premier ministre israélien Ehud Barak s'était engagé à retirer l'armée du bourbier libanais, sanglant Vietnam où des centaines de soldats israéliens ont trouvé la mort en 22 ans d'occupation. 
"Souvenirs de Saigon" affirme l'autre quotidien à grand tirage Maariv après le sauve-qui-peut de la milice alliée de la "zone de sécurité", fuyant devant l'avance des forces du Hezbollah. 
"Les images d'hier (lundi) resteront gravées à tout jamais dans la mémoire des Israéliens, comme le dernier hélicoptère américain quittant le toit de l'ambassade américaine de Saigon en 1975 fait partie de la mémoire collective des Américains", a affirmé l'éditorialiste Hami Shalev. 
Les sondages d'opinion faisaient ressortir que deux Israéliens sur trois étaient en faveur d'un retrait unilatéral du Liban sud, surtout après les attaques sanglantes du Hezbollah en février et mars contre les soldats israéliens. 
M. Barak avait promis, lors des élections qui l'ont porté au pouvoir en mai 1999, le retrait des troupes du Liban, mais il a échoué à conclure un accord avec Beyrouth et Damas, l'un des principaux soutiens du Hezbollah, qui mène depuis 1985 la lutte armée contre l'occupation. 
Mais il a dans le même temps mis en garde à plusieurs reprises contre des représailles massives si les soldats et la population israéliens étaient la cible d'attaques du Hezbollah. 
Cependant, des commentateurs politiques et des analystes se montrent prudents sur ce retrait unilatéral, qui devait à l'origine s'achever le 7 juillet, en estimant que le fait de l'avoir avancé risque d'entraîner une escalade de la violence. 
Un membre de la commission de la défense de la Knesset (Parlement) a estimé que les résidents de la région nord se sentaient "trahis" par le gouvernement qui n'a pas réussi à assurer leur sécurité avec le déploiement de forces supplémentaires de l'ONU. 
"Nous aurions dû attendre la décision du Conseil de sécurité de l'ONU avant de nous retirer et ne partir de la manière dont nous l'avons fait", a affirmé le député. 
Le Conseil de sécurité de l'ONU continuait à débattre mardi des recommandations du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan de doubler les effectifs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) pour les porter à 8.000 dès que leur sécurité serait assurée. 
Dans son rapport, M. Annan demande explicitement un engagement sur la sécurité du personnel de l'ONU et prévenu Israël, le Liban et la Syrie que, sans engagement de leur part, la FINUL pourrait elle aussi se retirer. 
M. Shlomo Broim, un important chercheur de Centre Jaffee sur les études stratégiques et ancien officier supérieur de l'armée israélienne a estimé une participation significative de l'ONU vitale pour éviter "des massacres atroces". 
Les combattants du Hezbollah ont averti que la résistance armée contre Israël se poursuivrait tant qu'Israël ne se serait pas retiré des hameaux de Chebaa. 
Le chef d'état-major israélien, le général Shaoul Mofaz a affirmé à la commission des Affaires étrangères et de la Défense qu'il "y avait beaucoup de difficultés" et qu'il faudrait une semaine à l'armée pour se retirer. 
Le chef de l'opposition de droite, le faucon Ariel Sharon, qui avait conduit l'invasion du Liban en 1982, a pour sa part accusé M. Barak de mettre en danger la sécurité d'Israël.
 
14. Dépêche de l'agence Associated Press du mardi 23 mai 2000, 15h26
Les négociations israélo-palestiniennes de Stockholm reprendront bientôt, selon M. Ben-Ami
LE CAIRE - Interrompues par les violences en Cisjordanie la semaine dernière, les négociations secrètes de Stockholm entre Israéliens et Palestiniens devraient rapidement reprendre, a annoncé mardi le chef des négociateurs israéliens Shlomo Ben-Ami. 
De passage au Caire, M. Ben-Ami a souligné que les divergences entre les deux parties sont ''très, très substantielles'', même si les positions tendent à se rapprocher. D'après lui, on pourrait même assister à un sommet en juin aux Etats-Unis entre le Premier ministre israélien Ehoud Barak et le président palestinien Yasser Arafat. 
Les deux parties ont jusqu'au 13 septembre pour conclure un accord définitif portant sur les contours de l'entité palestinienne, le statut des colonies et des réfugiés palestiniens ainsi que de Jérusalem. C'est pour accélérer les discussions officielles que ces discussions secrètes de Stockholm ont été lancées. 
Ministre de la Sécurité publique et confident de M. Barak, Shlomo Ben-Ami a souligné qu'il ne s'était pas rendu au Caire pour solliciter une quelconque intervention du président égyptien Hosni Moubarak.
 
15. L'Humanité du mardi 23 mai 2000
L'ALS, qui est-ce ? 
L'Armée du Liban-Sud (ALS) a été créée en 1978 par les Israéliens qui, pour chasser du sud du Liban les combattants palestiniens, avaient besoin de collaborateurs locaux. Ils les trouvèrent au sein des milices chrétiennes d'extrême droite qu'ils réunifièrent sous la direction d'un major félon de l'armée libanaise, Saad Haddad. En 1984, en pleine occupation israélienne de son pays, le général Antoine Lahad, ex-chef des services de renseignements de l'armée libanaise, lui succède. Israël se retire en 1985, mais garde sous son contrôle une bande frontalière de 15 kilomètres qui va du mont Hermon à Nakoura. Avec son armée de trois mille hommes, formés, équipés, entraînés et payés par Israël, Lahad devient " le bouclier de la Galilée ". La région occupée est baptisée " zone de sécurité ". Lahad et ses hommes doivent empêcher les attaques et infiltrations palestiniennes, mais ils se heurtent vite aux nouveaux ennemis d'Israël, nés de l'occupation : une résistance armée animée par le parti chiite du Hezbollah. Face à la multiplication des affrontements, l'armée israélienne prend de plus en plus les choses en main, surtout après l'attentat perpétré par Souha Bechara, (aujourd'hui réfugiée en France après dix ans passés dans les geôles de l'ALS) qui manque de coûter la vie au général Lahad en 1990. 
Incapable de contenir une résistance libanaise qui fait montre de plus en plus d'efficacité au fil des ans, l'ALS, censée protéger le nord d'Israël, a fini par perdre du terrain. Au point où l'armée israélienne est contrainte d'engager des moyens importants pour à la fois secourir l'ALS et protéger le territoire israélien des incursions de la résistance libanaise, et cela au prix de nombreuses pertes, dont un général. 
Affaiblie par les attaques du Hezbollah, dépourvue de soutien populaire, l'ALS est au bord de l'effondrement. Et qui plus est, depuis l'annonce par Israël de son retrait avant le 7 juillet, un vent de panique souffle sur les restes de cette armée de supplétifs. Les désertions se sont accélérées ces derniers mois, et à Majayoun, quartier général de l'ALS, c'est carrément le sauve qui peut général : ses chefs et leurs familles, pliant bagages, s'apprêtent à fuir vers Israël. Tandis qu'Antoine Lahad compte se réfugier en France. 

16. L'Humanité du mardi 23 mai 2000
Le désespoir de paix par Michel Muller
Proche-Orient. Palestine. La faillite de la stratégie d'Ehud Barak menace la région d'une nouvelle déstabilisation. Palestine, Jérusalem-Est, Golan et Sud-Liban : le processus enclenché par les accords de Washington en 1993 est en passe de sombrer. Décryptage. 
Depuis son élection, il y a un an, le premier ministre israélien a tout fait pour s'impliquer le moins possible dans le processus de paix. Sur le plan intérieur, plutôt que de miser à fond sur l'espoir de paix des Israéliens, il a préféré se lier dans une majorité plus que précaire - rassemblant à la fois la gauche avec le Meretz et la droite religieuse et pro-colonisation - bloquant toute percée sérieuse en faveur d'un règlement durable du conflit israélo-palestinien. Quant aux négociations en vue d'un règlement du conflit, Ehud Barak, a systématiquement tenté de mettre en opposition les intérêts syriens, libanais et palestiniens. Cette stratégie fondée sur le marchandage a entraîné la défiguration des principes des accords conclus à Washington le 13 septembre 1993. Ces derniers devaient " mener à l'application des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité " qui intiment à Israël de se retirer des territoires occupés à l'issue de la guerre de juin 1967, la Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza, et le Golan Syrien. 
Israël-Palestine : la désagrégation des négociations 
La colonisation - décidée hier par la municipalité de Jérusalem - d'Abu Dis, un village situé sur la limite de Jérusalem-Est, proposée comme succédané de capitale du futur Etat palestinien, est significative de l'inconsistance des prétendus pas en direction de la paix des Israéliens. " Ceci est absolument destructif pour le processus de paix. Il semble que seules les activités de colonisation et de confiscation des terres (palestiniennes) se concrétisent d'une manière rapide, significative et sans interruption ", a dit le négociateur en chef palestinien Saab Erakat. Un " accord définitif " sur le statut des territoires concédés à l'autorité palestinienne devait intervenir courant janvier. On en n'a pas vu la première ligne. Un " accord cadre " devait être réalisé ensuite le 13 mai, qui devait conduire à un " accord définitif " avant le 13 septembre. Résultat jusqu'à présent : néant. Les négociateurs israéliens auraient accepté de discuter de la question du retour ou de l'indemnisation des 3,5 millions de réfugiés palestiniens. Là encore, les actes sont inexistants. Comme ils le sont quant à une éventuelle libération des 1 650 prisonniers. Un tiers de la bande de Gaza est toujours occupé par des colonies israéliennes. Quant à la Cisjordanie, même si l'ensemble des enclaves actuellement sous contrôle mixte était transféré aux Palestiniens, elle ne serait qu'une constellation ressemblant fort à des bantoustans sud-africains du temps de l'apartheid. 
Engagées à Stockholm, des discussions parallèles ont entraîné la suspension des négociations " officielles ". Il semble que ce soit, jusqu'à présent, le seul effet de cette nouvelle forme de négociations qualifiée par Jérusalem de " pistes multiples ". Ehud Barak a rappelé dimanche la délégation israélienne, provoquant ainsi la suspension de ces discussions. 
L'Autorité palestinienne est-elle affaiblie ? 
Les manifestations pour la libération des prisonniers palestiniens n'étaient pas le fait d'une minorité agissante. L'absence de progrès, même partiels, pousse au désespoir la population palestinienne. C'est le Fatah, l'organisation dont Yasser Arafat est le dirigeant, qui a lancé la campagne d'action. " Les dernières semaines ont été les pires depuis au moins 1993 pour la popularité du Fatah et d'Arafat ", a expliqué Khalil Chikaki, directeur du Centre palestinien de recherche politique. Ehud Barak, avec la participation active de la Maison Blanche, a systématiquement cherché à enfermer la direction palestinienne dans la logique du " grignotage ", la contraignant, au fur et à mesure des mini-concessions à s'enfoncer dans une voie sans issue. En outre, sur le terrain, le rapport de forces est fondamentalement défavorable. On a encore pu le constater, lorsque l'armée israélienne a menacé les Palestiniens de lâcher ses chars et ses hélicoptères de combat si les manifestations se poursuivaient. 
La position de Washington 
Sandy Berger, le conseiller présidentiel américain pour la Sécurité nationale, a jugé, dimanche à Jérusalem, " inacceptables " les manifestations de colère des Palestiniens. Pour le président américain, a-t-il indiqué, " il n'y a rien de plus important que de réaliser une paix juste, globale et stable au Proche-Orient ". Pour Bill Clinton, un succès diplomatique avant les élections de novembre prochain serait effectivement un argument de poids en faveur du vote démocrate. Mais dans le même temps, il n'est pas question pour la Maison Blanche de faire pression sur Ehud Barak, afin de ne pas s'aliéner Israël, allié privilégié des Etats-Unis au Proche et au Moyen-Orient. 
Vers une relance du conflit au Liban 
En décidant un retrait unilatéral, sans accord conclu avec Beyrouth pour un retour sous souveraineté libanaise du sud du pays occupé, Ehud Barak a créé les conditions d'une relance de l'instabilité au Liban (voir ci-contre). L'objectif affiché était d'isoler la Syrie en lui retirant " la carte libanaise ". En procédant ainsi, les autorités israéliennes ont ravivé le feu de l'un des foyers essentiels du conflit du Proche-Orient. 
Aucune avancée dans les négociations avec Damas. 
L'ancien premier ministre israélien assassiné, Yitzahk Rabin, avait pris l'engagement de rendre à la Syrie la totalité du Golan. Ehud Barak avait d'abord laissé entendre qu'il respecterait la parole donnée. Mais dès les premiers contacts, les négociateurs israéliens avaient indiqué aux Syriens qu'il n'était pas question de leur rendre la rive orientale du lac de Tibériade, sous prétexte qu'il s'agissait d'assurer la " sécurité " des ressources en eau d'Israël. · aucun moment il ne fut question de discuter d'une éventuelle future coopération - seul facteur décisif de sécurité - avec Damas sur cette question. Venant à la rescousse d'Ehud Barak, le président américain a tenté de faire pression dans ce sens lors d'une rencontre avec son homologue syrien, Hafez el Assad, le 26 mars à Genève. En vain : la stratégie de " pistes multiples " s'est retournée contre le processus de paix.
 
17. L'Humanité du mardi 23 mai 2000
Pas de vendetta au Sud-Liban - une interview de Tanios Debbs, directeur général de la radio libanaise la Voix du peuple et membre du Bureau politique du Parti communiste libanais recueillis par Dominique Bari 
- Comment appréciez-vous la situation actuelle au Sud-Liban ? 
Tanios Debbs. Les Israéliens se retirent, c'est un fait. Mais comme ils le veulent et sans accord préalable avec le gouvernement libanais. Ils laissent derrière eux les milices de l'Armée du Liban-Sud. Pas les hauts gradés bien sûr. Ceux-là partent emmenant leurs familles avec leurs alliés en Israël. Donc, depuis dix jours, nous assistons à un retrait israélien. Quotidiennement, une agglomération, un village est libéré. Ces dernières quarante-huit heures, les événements se sont accélérés créant un vide et le gouvernement libanais n'a pas pris les mesures nécessaires, il envisage ce retrait trop calmement. Il n'y a pas de mobilisation pour venir en aide à la population. Il n'y a aucun comité d'urgence sur le terrain. Aujourd'hui seulement, le ministre de l'Information s'est rendu dans des villages libérés. Mais l'armée, les forces de sécurité intérieure, les équipes sanitaires n'ont pas encore été déployées dans les zones concernées. L'Etat libanais n'a pas manifesté suffisamment sa présence. Qu'attend-il ? Que redoute-t-il encore des Israéliens ? De graves incidents ont eu lieu dans des villages désertés. L'aviation et l'artillerie israéliennes ont tiré sans raison sur des civils sans armes qui retournaient dans leur village pour fêter cette libération. Car, insistons bien sur le fait qu'il s'agit d'une vraie libération fêtée par la population. 
- Que le Liban va-t-il faire de l'ALS ? 
T.D. Beaucoup de miliciens de l'ALS se sont rendus ces derniers jours aux forces de sécurité libanaises. Ils seront jugés. Le premier ministre l'a annoncé officiellement : il n'y aura pas de vendetta mais des procès contre les miliciens de l'ALS Tout le monde est d'accord sur ce point : du Hezbollah aux forces démocratiques et laïques. Des actions judiciaires ont déjà été engagées. Il y a un mois à Jezzine, il y a eu un procès contre des membres de l'ALS. Selon leur degré de trahison, ils ont été condamnés à des peines de prison. 
- Va-t-on vers une réconciliation nationale libanaise après cela ? 
T.D. La réconciliation nationale n'a pas été arrêtée par l'occupation du Sud et par les activités de milices mercenaires. Celles-ci ne sont pas considérées comme une force libanaise qui aurait été impliquée dans la guerre civile. Ces gens-là ont été des collaborateurs. La réconciliation nationale n'attendait pas le retrait israélien pour se mettre en marche. En revanche, l'occupation israélienne a contribué, d'une certaine façon, à forger contre elle la réconciliation. Mais nous n'avons pas été jusqu'au bout. Il faut que la réconciliation soit le résultat d'une volonté politique du gouvernement qui la mène en profondeur et non du bout des lèvres. Ainsi que ce ne soit seulement le fait de la formation d'une coalition englobant toutes les tendances politiques. C'est superficiel. Les gens attendent quelque chose de plus. C'est un autre combat intérieur à mener, un combat démocratique que défendent toutes les forces unificatrices et non confessionnelles du Liban. La réconciliation passera par tout rejet du confessionnalisme et non pas des tractations politiques qui ne tiennent pas compte de la volonté des Libanais.
 
18. Courrier international (On line) du mardi 23 mai 2000
Week-end de violences
Six morts et près de mille blessés palestiniens ; soixante blessés, dont un enfant de 2 ans grièvement brûlé, côté israélien. Tel est le bilan des violences qui, depuis deux semaines, secouent la Cisjordanie et la bande de Gaza. Par ailleurs, au Liban, des raids de l'aviation israélienne sur une base palestinienne ont fait quatre morts.
"Les négociateurs israéliens sont rappelés de Stockholm", "Mise en garde sévère pour l'Autorité palestinienne", titre en première page le quotidien palestinien "Al Qods". Le Premier ministre israélien, qui doit faire face à un dérapage dangereux dans les Territoires palestiniens et au Liban, a consacré dimanche 21 mai la réunion de son gouvernement à l'étude de ces deux dossiers et a été contraint d'annuler son voyage aux Etats-Unis, poursuit "Al Qods". Ehoud Barak devait s'entretenir le mardi 23 mai avec le président américain Bill Clinton, précisément pour faire le point sur le retrait israélien du Liban et sur les résultats des négociations israélo-palestiniennes en cours à Stockholm. De même, pour gérer une situation jugée "extrêmement grave", le Premier ministre israélien a tenu à prendre contact avec les présidents égyptien, Hosni Moubarak, et français, Jacques Chirac, ainsi qu'avec le roi Abdallah II de Jordanie, pour "les alerter quant aux conséquences néfastes des derniers événements sur le processus de paix", rapporte le quotidien palestinien. La répression des manifestations de la "colère palestinienne", qui ont lieu depuis plusieurs jours, a déjà fait plus de 60 blessés israéliens, ainsi que six morts et près d'un millier de blessés palestiniens, précise "Al Qods".
Le quotidien israélien "Ha'Aretz" annonce en première page l'abandon par l'Armée du Liban-Sud (ALS) du poste-frontière de Taibeh. L'ALS, bras armé d'Israël dans la "zone de sécurité" occupée par les forces israéliennes au Sud-Liban, s'était déjà retirée de cinq autres villages évacués par l'armée israélienne et placés sous la responsabilité de l'ALS. Pour Israël, le comportement de ses alliés est un signal de "l'effondrement imminent" de l'ALS, qui devra l'amener à reconsidérer son plan de retrait visant à remettre aux combattants de l'ALS les postes libérés par les soldats israéliens. Des officiers de l'ALS ont affirmé que la milice "maintient des postes fixes et d'autres mobiles, et est prête à revenir sur une position évacuée si cela s'avère nécessaire", rapporte "Ha'Aretz". Néanmoins, l'aviation israélienne a eu recours au bombardement du poste de Taibeh, déserté par l'ALS, pour s'assurer qu'aucune arme laissée sur le terrain ne serait récupérée par le Hezbollah. Au même moment, les affrontements entre manifestants palestiniens et soldats israéliens se poursuivaient dans les Territoires palestiniens. Une bombe incendiaire lancée sur un véhicule à Jéricho, en Cisjordanie, a gravement blessé une fillette âgée de 2 ans.
Pour sa part, le quotidien libanais "L'Orient-Le Jour" titre : "Cinq villages libérés après vingt-deux ans d'occupation". "Plus d'un millier de Libanais ont regagné hier de leur propre initiative cinq villages du secteur central de la zone occupée par Israël qui avaient été évacués par l'Armée du Liban-Sud", poursuit le quotidien libanais. Néanmoins, le retrait des troupes israéliennes du Liban se déroule dans une vive tension : raids israéliens et opérations de la résistance libanaise se succèdent. Le Hezbollah étend son action en attaquant, pour la première fois, un avant-poste israélien sur le plateau du Golan, dans le secteur des hameaux de Chebaa. Des chasseurs-bombardiers israéliens ont poursuivi leurs raids au Sud-Liban et une centaine d'obus, tirés depuis la zone occupée, se sont abattus sur les collines faisant face au secteur oriental de la zone. Samedi 20 mai, l'aviation israélienne avait bombardé une base palestinienne située à 2 km de la frontière syro-libanaise, faisant quatre morts.
Enfin, les autorités libanaises, qui avaient demandé aux Etats-Unis et à la France, ainsi qu'à l'ONU et à l'UNESCO, d'intervenir pour empêcher que l'armée israélienne ne fasse sauter, durant son retrait, le château de Beaufort, qui date du XIIe siècle, ont obtenu gain de cause. Depuis 1982, Israël avait fait de ce site l'un de ses principaux postes d'observation - notamment d'écoute électronique. Samedi, les Etats-Unis et la France ont donné au Liban "l'assurance que la célèbre citadelle franque du château de Beaufort, au Sud-Liban, ne serait pas volontairement détruite lors du départ de ses actuels occupants, les soldats israéliens".
 
19. L'Orient-Le Jour du mardi 23 mai 2000
Une ONG met en garde contre le piège confessionnel au Sud
Après avoir annoncé, il y a près d'une semaine, la création d'un «mécanisme de supervision» au Liban-Sud, dans le but de contrôler les éventuelles exactions qui pourraient se produire à la suite du retrait des troupes israéliennes de cette région, la Fondation des droits de l'homme et des droits humanitaires (FDHDH), en collaboration avec l'Association des nouveaux droits de l'homme, a tenu hier une réunion urgente pour évaluer la situation au Liban-Sud. 
À la lumière des derniers développements au cours desquels plusieurs régions du secteur central ont été abandonnées par l'ALS, les membres de la FDHDH ont fait part de leur inquiétude face à une situation d'autant plus dangereuse que l'État semble totalement absent de la scène. «Rien n'a été prévu pour pallier le vide créé par un retrait israélien non fondé sur un accord préalable et qui entraîne par conséquent une situation de confusion extrême, laissant les populations locales sans défense aucune», ont relevé les membres de la fédération. En effet, selon eux, ce qui est le plus à craindre pour les jours à venir, c'est la situation de vide sécuritaire que pourrait entraîner les prochains retraits, et «les règlements de comptes qui risquent de se produire surtout dans les régions chrétiennes». 
Pour les membres de la FDHDH, «les retraits qui ont eu lieu jusqu'à présent concernent essentiellement les régions à majorité chiite, et les partisans de l'ALS qui se sont rendus jusque-là sont dans leur majorité chiites». Se fondant sur des sources proches des services de sécurité du Sud, les membres de la FDHDH ont évoqué le risque d'une tournure confessionnelle que pourraient prendre les évènements à venir, notamment après le retrait de l'armée israélienne des secteurs est et ouest, à majorité chrétienne. 
«Les éléments de l'ALS qui résident dans ces zones aussi bien que les habitants ne sont pas près de se rendre à des milices (en parlant de Amal et du Hezbollah) et sont décidés à se battre jusqu'au bout», affirme un membre de la FDHDH qui souligne que les régions à majorité chiite ou sunnite n'ont rien à craindre, «preuve en est la facilité avec laquelle les membres de l'ALS se trouvant dans ces régions se sont rendus, ce qui laisse deviner une sorte de connivence de type confessionnelle», souligne un responsable de la FDHDH. 
Quant à l'enclave de Hasbaya, à majorité druze, les habitants se sont déjà constitués en milice d'autodéfense, en prévision du retrait. Or, affirme ce membre de la FDHDH, des contacts auraient été entrepris avec les Syriens afin de préserver cette localité de toute incursion de la part du Hezbollah. 
Reste le problème des villages ­ principalement ceux de Debel, Aïn Ebel, Rmaych, Yaroun, et Awzah ­ qui, eux, risquent d'être pris en tenaille, dit-il. Les Israéliens ont fermé leurs frontières entre Nakoura et Yaroun, pour empêcher les habitants de cette région ainsi que l'ALS de fuir vers Israël, souligne-t-il. Ayant par ailleurs affirmé «qu'ils ne se livreront qu'à l'État libanais ou aux Nations unies», les habitants de cette localité ainsi que les membres de l'ALS qui constituent le plus gros des effectifs de cette milice semblent prêts à se battre contre le Hezbollah ou Amal au cas où ces derniers feraient une incursion dans leurs villages, «d'où le risque de voir les "règlements de comptes" et des exactions se multiplier dans cette zone» précise ce membre de la FDHDH. 
Dénonçant «l'absentéisme» de l'État de toute la région du Sud et «sa renonciation à prendre les choses en main à un moment crucial», la fédération souligne «le laxisme» dont a fait montrer le pouvoir en place, ce dernier n'ayant pas prévu une structure officielle pour prendre en charge les éléments de l'ALS qui se sont rendus dans les régions évacuées. La FDHDH s'interroge par ailleurs sur la «légalité» du rôle que se sont donné les milices du Hezbollah et de Amal qui ont pris la relève «là où l'État aurait dû être présent». 
Sur ce plan, la FDHDH a publié hier un communiqué dans lequel elle déplore la mort des personnes civiles à la suite des bombardements israéliens après les évacuations d'hier. Le texte du communiqué affirme par ailleurs que la fédération n'a pas eu écho, jusqu'à présent, d'actes de vengeance ou de mouvements d'exode des populations des régions évacuées, «ce qui est relativement encourageant», souligne la FDHDH. «Nous espérons que cette tendance se généralisera à toutes les autres régions encore sous occupation», souligne le communiqué. La FDHDH relève par ailleurs que la demande adressée par l'État libanais aux agents de l'ALS ­ accusés de collaboration avec l'ennemi ­ de se rendre n'a pas été accompagnée par la mise en place d'une structure officielle qui puisse les protéger, ce qui a poussé ces derniers à organiser leur propre défense. La FDHDH exhorte enfin l'État à étendre son pouvoir sur l'ensemble des régions occupées, ce qui représente «un des principes fondamentaux de la souveraineté nationale et une part essentielle de la responsabilité de l'État envers son peuple», a conclu le texte du communiqué.

20. Dépêche de l'agence Reuters du mardi 23 mai 2000, 8h47
Israel : Barak annonce officiellement le retrait israélien
JERUSALEM - Le Premier ministre israélien Ehud Barak a annoncé que le retrait d'Israël de la zone d'occupation dans le sud du Liban s'achèverait dans les prochains jours. 
"Cette tragédie de 18 ans est terminée", a déclaré le chef du cabinet israélien à la radio de l'armée. 
"Nous nous redéploierons dans les jours qui viennent à la frontière internationale", a-t-il dit. 

21. Le Monde du mardi 23 mai 2000
L'Armée du Liban sud refusera de se désarmer par Mouna Naïm 
CE SERA l'amnistie générale ou l'autodéfense : c'est en ces termes que le général Antoine Lahad, chef de l'Armée du Liban sud (ALS), la milice libanaise auxiliaire d'Israël, envisage l'avenir pour les 2 600 hommes de sa milice - ou plutôt ce qu'il en restera une fois partis les déserteurs et ceux qui auront choisi l'exil. A sept semaines de la fin du retrait de l'armée israélienne du Liban sud, Antoine Lahad continue d'affirmer que l'ALS ne rendra pas ses armes et continuera de se défendre, alors même que ses hommes sont de plus en plus nombreux à se rendre. 
Comment l'Etat libanais, qui, en se désistant de ses responsabilités dans la région pratiquement depuis l'accord libano-palestinien du Caire de 1969, a abandonné ses habitants " dans un brasier, peut-il aujourd'hui les juger pour s'y être brûlés ? ", s'est interrogé le général dans un entretien accordé, dimanche 21 mai, à Paris, au Monde. Jugeant inique de condamner les habitants d'une région " livrée à l'étranger ", qui estiment n'être " coupables que d'avoir protégé leurs biens ", le général Lahad - qui n'est pas lui-même originaire du Liban sud - demande que soit appliqué au Liban sud le même régime que celui qui fut décrété en 1991 pour le reste du territoire libanais : une amnistie générale de tous les crimes et actes de guerre commis depuis le déclenchement de la guerre civile, en 1975, " en raison de l'absence effective de l'Etat durant cette période ".
" Or il y a aujourd'hui [au Liban sud] , affirme-t-il, quelque dix mille personnes condamnées ou convoquées par la justice : les traîtres qui collaborent avec Israël [2 600 miliciens] , ceux qui traitent avec eux et ceux qui travaillent en Israël [entre 2 500 et 3 000 personnes] ".
Le général Lahad a adressé le 8 mai une lettre ouverte au président de la République , Emile Lahoud, demandant l'amnistie générale. " Si le président de la République estime devoir donner satisfaction aux haineux et à ceux qui distribuent aujourd'hui des certificats de patriotisme ou de trahison, alors, j'assume moi-même l'entière responsabilité de ce qui s'est passé puisque je suis moi-même le sommet de la pyramide ", dit-il. Mais lorsqu'on lui demande s'il serait prêt à se rendre aux autorités, le général Lahad répond par la négative. " Je veux bien me rendre à un Etat souverain, mais pas à un Etat qui ne peut décider pour lui-même ", dit-il, estimant que c'est la Syrie qui gouverne le pays du Cèdre.
UN " COUP POLITIQUE " 
Le chef de l'ALS assure qu'une fois le retrait de l'armée israélienne devenu inéluctable, il a " réuni les gens pour savoir ce qu'ils souhaitaient. Ils m'ont dit, raconte-t-il, qu'ils n'ont pas combattu pendant vingt-deux ans pour quitter aujourd'hui leurs biens et se réfugier en Israël. Ils veulent résister, se défendre. Ils ne veulent pas laisser l'Etat libanais venir les conduire en prison. Les Israéliens nous supplient de venir, mais c'est nous qui ne voulons pas. Personne ne veut être réfugié en Israël. " Avec un étonnante assurance - feinte ou réelle ? - il juge " normal " qu'un nombre de plus en plus grand de membres de l'ALS désertent. " Il y en a toujours eu, dont des officiers ", se borne-t-il à faire remarquer.
Le général Lahad, dont la famille vit à Paris depuis une dizaine d'années, assure ne pas demander l'asile politique en France. S'il est détenteur d'un passeport israélien, c'est, assure-t-il, parce que l'Etat libanais refuse de lui renouveler le sien. Il affirme avoir toujours demandé à Israël d'appliquer la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'ONU (1978), qui exige d'Israël d'évacuer la totalité du territoire libanais, mais il aurait souhaité que Tsahal ne se retire pas sans accord préalable avec la Syrie et le Liban.
Pour lui, le retrait décidé par le premier ministre israélien, Ehoud Barak, est un " coup politique " et non une retraite imposée par les coups de boutoir du Hezbollah libanais, qui a su exploiter médiatiquement ce retrait et saura engranger des gains politiques. " Peut-être même, dit-il, le Hezbollah augmentera-t-il le nombre de ses députés. Grand bien lui fasse ! ", enchaîne-t-il, affirmant, curieusement, qu'il ne tient pas le parti de Dieu pour un " adversaire ". L'ALS n'attaquera pas le Hezbollah, mais se défendra si elle est attaquée, souligne-t-il.
Si Israël veut récupérer l'armement lourd et léger donné à l'ALS, " qu'il les prenne ", dit encore le général Lahad, qui, à son retour au Liban sud, prévu mardi 23 mai, veut " organiser la défense des villages ". L'ALS a " ses propres armes légères et lourdes, qui ne lui viennent pas d'Israël, assure-t-il . Et puis, beaucoup de particuliers riches, libanais, européens, américains et juifs, m'ont proposé tout l'argent que je voulais si je souhaitais continuer à me battre. J'ai refusé ".
Il n'écarte pas le risque d'affrontements entre ses hommes et le Hezbollah, mais ce qu'il redoute par-dessus tout, c'est un éventuel changement du mandat des casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul). " S'ils vont être chargés de poursuivre tous les hommes en armes, ce sera un gros problème ", dit-il, tout en affirmant qu'il " ne souhaite pas affronter les casques bleus, pas plus que l'armée libanaise ". Mais s'il s'agit seulement d'ôter les uniformes, alors, les miliciens de l'ALS se mettront en civil.
Quant aux 144 Libanais prisonniers du centre de détention de Khiam, il entend " négocier leur libération avec l'Etat libanais ", mais il refuse de préciser en échange de quoi il " négocierait " leur relaxe.
 
22. Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 23 mai 2000, 0h43
Kofi Annan veut doubler la FINUL et réclame des garanties de sécurité
NEW YORK (Nations Unies) - L'ONU a proposé lundi de pratiquement doubler sa force au Liban sud en la portant à 7.935 soldats mais réclame en préalable des assurances de coopération et de sécurité au moment où Israël accélère son retrait. 
Dans un rapport très attendu au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a recommandé au Conseil de sécurité de porter, en deux étapes, la force des Nations Unies au Liban sud de 4.500 à 7.935 soldats. 
Les quinze membres du Conseil se sont réunis à huis clos pour discuter des plans de l'ONU qui doit constater le retrait israélien puis aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité dans la région après 22 ans d'occupation israélienne. 
Après une réunion de deux heures, ils devaient se retrouver dans la soirée pour endosser les recommandations de Kofi Annan. 
"Pour la première fois en 22 ans, je pense que nous sommes très proches d'une mise en oeuvre de la résolution 425" qui exigeait un retrait des troupes israéliennes du Liban qu'il a envahi en 1978, a-t-il dit aux journalistes. 
Qualifiant de "malheureux" les derniers développements sur le terrain, il a appelé "toutes les parties à travailler avec nous à organiser un retrait en bon ordre". 
Dans la journée, il s'est entretenu au téléphone notamment avec les dirigeants israéliens, syriens et libanais. 
L'effondrement de ses alliés de l'Armée du Liban sud (ALS) et les attaques renouvelées du Hezbollah ont effet contraint le gouvernement israélien à anticiper son retrait, prévu à l'origine d'ici au 7 juillet, et forcé l'ONU à revoir ses plans. 
M. Annan a ainsi décidé de dépêcher immédiatement dans la région son envoyé spécial Terje Roed Larsen qui devrait arriver dès mercredi à Beyrouth. 
"Dans ces circonstances, il est essentiel que toutes les parties concernées coopèrent pleinement avec les Nations Unies pour assurer la sécurité du personnel de l'ONU", a dit le secrétaire général qui "attend des engagements explicites à cet égard". 
Dans son rapport, M. Annan recommande de procéder en deux étapes: la FINUL devra dans un premier temps constater le retrait des forces israéliennes. Pour cela, ses six bataillons provenant de neuf pays seront augmentés, et dotés de transports de troupes blindés additionnels ainsi que de deux nouveaux hélicoptères. 
En raison de la précipitation des événements, l'ONU utilisera ces hélicoptères pour constater que les forces israéliennes se sont bien retirées jusqu'à la frontière internationale, et que l'ALS a été démantelée. 
Une fois le retrait constaté, la FINUL devra être immédiatement renforcée, notamment par deux bataillons d'infanterie mécanisée. 
"Avec ces renforts, la force totale de la FINUL sera portée à huit bataillons plus les unités de soutien appropriées, soit environ 7.935 casques bleus", dit M. Annan. 
Il demande également à Israël, au Liban, à la Syrie et aux groupes armés libanais d'apporter leur pleine coopération à l'ONU, faute de quoi, la FINUL pourrait être amenée à se retirer, avertit Kofi Annan. 
Il demande à Israël un retrait total, le retrait des armes lourdes de l'ALS et la remise des prisonniers du centre d'Al-Khiam. 
De son côté le Liban doit prendre "des mesures décisives et promptes" pour rétablir son autorité au Liban sud en réinstallant ses services publics et la police. 
Sur le sujet très controversé des hameaux de Chebaa, que Beyrouth affirme être libanais et Israël en territoire syrien, M. Annan semble donner raison à Israël. 
Selon lui, "ces hameaux sont dans une zone occupée par Israël en 1967 et sont donc sujets aux résolutions 242 et 338" qui réclament un retrait israélien des territoires occupés et non de la résolution 425.
 
23. Le Soir du lundi 22 mai 2000
Une "nouvelle intifada" en Cisjordanie par Serge Dumont envoyé spécial à Tulkarem.
Les "journées de la colère" en faveur des prisonniers palestiniens tournent à l'émeute. Arrêt des négociations.
Baisse-toi ! Le sergent Omer Pery (21 ans) n'a pas entendu d'autres soldats israéliens lui dire de se mettre à couvert. Il a reçu une balle de fusil-mitrailleur kalachnikov en plein visage. La scène n'a duré que quelques secondes: le blessé a été évacué sur-le-champ et le tireur (un islamiste) désarmé par la police palestinienne. 
Furieux, les soldats de Tsahal se sont alors rabattus sur les jeunes manifestants qui les attaquaient à coups de pierres et de cocktails Molotov à la sortie de Tulkarem, une ville palestinienne de Cisjordanie. Une dizaine de protestataires ont été touchés par des balles dites de caoutchouc, en fait des balles normales entourées d'une fine pellicule de gomme. 
Depuis une semaine, les scènes comme celle-là se multiplient dans les villes de Cisjordanie occupée ainsi qu'aux alentours des colonies juives situées dans les territoires autonomes palestiniens. Au point que le "Yediot Aharonot", le principal quotidien de l'Etat hébreu, n'hésite plus a évoquer la nouvelle intifada. 
Vendredi et samedi, les deux "journées de la colère" - organisées par l'Autorité palestinienne (AP) pour soutenir la grève de la faim que mènent, depuis trois semaines, les mille six cent cinquante prisonniers de sécurité détenus en Israël - ont en tout cas été marquées par de nombreux incidents semblables. 
A Ramallah, un Palestinien a d'ailleurs été tué par balle et cent septante autres ont été blessés dans le reste de la Cisjordanie. Du côté israélien, on compte une dizaine de blessés parmi lesquels une fillette âgée de deux ans grièvement brûlée dimanche à Jéricho par l'explosion d'un cocktail Molotov lancé sur le véhicule de ses parents. Une attaque qui a poussé Tsahal à interdire l'accès des territoires autonomes aux ressortissants israéliens ainsi qu'aux touristes étrangers. 
Lorsque les premiers incidents ont éclaté, le 14 mai, à l'occasion d'"Al Nakba" (la commémoration par les Palestiniens de la catastrophe que représente à leurs yeux la naissance d'Israël), sept villes se sont embrasées. Cette fois, elles étaient onze. Y compris Jérusalem-Est, où des Israéliens ont aussi été lapidés. 
Les services de sécurité de l'Etat hébreu revoient donc leurs estimations: ils croient maintenant que ces troubles vont se prolonger. Et s'étendre, du moins jusqu'à la libération de certains prisonniers palestiniens détenus en Israël. La situation est d'autant plus explosive que Yasser Arafat semble dépassé par sa base. Celle-ci est déçue par la lenteur du processus de paix, par le report continuel de la création d'un Etat indépendant et par la dégradation des conditions de vie. 
De son côté, le Premier ministre israélien et ministre de la Défense Ehoud Barak peut difficilement réagir à cette flambée de violence autrement qu'en recourant à la force. Certes, M. Barak a reporté à plus tard la rétrocession à l'Autorité palestinienne des trois villages arabes situés dans la banlieue de Jérusalem. Il a également décidé d'interrompre les négociations informelles menées à Stockholm sur la forme que pourrait prendre l'Etat palestinien à naître. Mais il a surtout placé Tsahal en état d'alerte maximale. 
Chargé du maintien de l'ordre, le général Moshé Yalom affirme d'ailleurs qu'il a failli utiliser les hélicoptères de combat le 14 mai, lorsque des policiers palestiniens ont ouvert le feu sur les soldats israéliens à Ramallah. Une mesure qui aurait sans doute déclenché un affrontement généralisé. Il reconnaît aussi que des plans sont prêts pour répondre à une insurrection palestinienne. Des scénarios catastrophe prévoyant, entre autres, l'entrée de chars israéliens dans les principales villes de Cisjordanie. C'est-à-dire l'éclatement d'une nouvelle guerre qui embraserait la région.

24. Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 23h17
Israël connaît un avant-goût de la défaite avec le Hezbollah à sa frontière
BEYROUTH - Israël a connu lundi un avant-goût de la défaite avec l'arrivée à sa frontière de son pire ennemi, le Hezbollah, et la débandade de l'Armée du Liban sud, la milice qu'il a choyée depuis sa première invasion du Liban en 1978. 
Pour la première fois, depuis qu'ils se sont lancés en 1985 dans un combat sans merci contre l'occupation israélienne du Liban-sud, les combattants chiites pro-iraniens ont pu atteindre le village d'Aadaissé, aux portes de l'Etat hébreu. 
Des combattants intégristes ont pénétré dans cette localité frontalière après le départ de l'ALS, une milice libanaise fabriquée de toutes pièces en 1978 par l'Etat hébreu pour protéger sa frontière nord, cibles d'attaques d'abord des organisations palestiniennes, puis du Hezbollah. 
La seconde invasion en 1982 s'était soldée par le départ du chef de l'OLP Yasser Arafat et des organisations armées palestiniennes mais avait donné naissance à une organisation redoutable, le Hezbollah, soutenu par Damas et Téhéran. 
Remarquablement organisé, il a transformé le pays des Cèdres en véritable bourbier pour l'armée israélienne, contraignant le Premier ministre israélien Ehud Barak à prendre la décision cruciale de retirer son armée du Liban avant le 7 juillet. 
Mais l'effondrement de l'ALS pourrait hâter le départ d'Israël. 
"Nous sommes entrés dans la phase décisive du retrait du Liban-sud et attendons des Syriens et du Liban que la situation soit contrôlée. Si nous sommes attaqués, nous répliquerons avec toute notre puissance", a déclaré lundi M. Barak, avant le début de la réunion du cabinet pour évoquer un retrait anticipé. 
A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a commencé lundi vers 20H15 GMT une réunion sur la situation au Liban. 
Ses quinze membres doivent discuter à huis clos d'une recommandation du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan de porter la Force des Nations unies au Liban de 4.500 à 7.935 hommes. 
La force devra dans un premier temps constater le retrait complet des troupes israéliennes, puis aider le Liban à restaurer son autorité dans la région. 
Le Premier ministre israélien Ehud Barak a affirmé qu'il attendait une déclaration de soutien "ferme" des Nations unies au retrait de ses troupes du Liban sud. 
De son côté, le Premier ministre libanais Salim Hoss a informé M. Annan que le Liban allait déposer une plainte en procédure d'urgence auprès du Conseil de sécurité contre les "agressions israéliennes qui ont accompagné le retrait d'Israël et de ses agents, perpétrées contre les civils sans défense", selon un communiqué. 
Des centaines de miliciens abandonnant leurs positions, se sont rendus à leurs anciens ennemis du Hezbollah ou à l'armée libanaise. Dans ce pays multiconfessionnel, les secteurs abandonnés par l'ALS sont à majorité musulmane chiite. Les secteurs à dominante chrétienne ou druze restent aux mains de l'ALS. 
Les miliciens qui se sont rendus lundi au Hezbollah et à Amal ont été remis à l'armée libanaise, a affirmé à l'AFP un officiel des services de sécurité. 
Des milliers d'habitants, escortés par des combattants du Hezbollah, ont essayé de regagner lundi la dizaine de nouveaux villages désertés par l'ALS, que certains avaient fui en 1978. 
Cinq civils libanais sont morts et une trentaine ont été blessés sous les tirs de l'artillerie et l'aviation israélienne qui tente d'arrêter ce flot. 
L'aviation et l'artillerie israéliennes continuaient tard lundi de pilonner le Liban sud, tandis que le Hezbollah poursuivait ses attaques contre les secteurs de la zone toujours occupés par l'Etat hébreu, a annoncé la police libanaise. 
Le chef de l'ALS, Antoine Lahad, qui se trouve à Paris, a affirmé qu'il ne se rendrait pas aux autorités libanaises, dans une interview au quotidien français Le Monde. 
"Je veux bien me rendre à un Etat souverain, mais pas un Etat qui ne peut décider pour lui-même" en raison de la tutelle de Damas sur le Liban, déclare-t-il. Il a en outre affirmé vouloir, dès son retour prévu mardi au Liban sud, "organiser la défense des villages" qui se trouvent dans la zone d'influence de l'ALS. 
Le commandement de l'ALS a indiqué lundi qu'elle allait défendre la zone qu'elle contrôle avec Israël et riposter à toute tentative du Hezbollah "d'exploiter les civils" pour pénétrer dans les villages évacués. 
"Ce qui se passe aujourd'hui au Liban sud prouve au monde entier la force que le Liban a atteint après avoir réalisé son unité" et "tous les Libanais se souviendront de la victoire d'aujourd'hui", a affirmé le président Emile Lahoud.
 
25. Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 20h49
Consultations de Jacques Chirac sur la situation au Sud-Liban
PARIS (AP- Jacques Chirac a eu lundi plusieurs entretiens téléphoniques sur la situation au Sud-Liban. Le président français s'est entretenu avec le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, ainsi que le président syrien Hafez el-Assad et le Premier ministre israélien Ehoud Barak. 
''Les consultations du président de la République ces derniers jours ont été marquées par la double préoccupation d'apaiser les tensions et de favoriser les conditions d'une bonne application de la résolution 425'' de l'ONU de 1978 sur le retrait israélien du Sud-Liban, a indiqué lundi la porte-parole de l'Elysée Catherine Colonna. 
''Compte tenu des événements de la journée'', le président de la République s'est entretenu par téléphone lundi soir avec Kofi Annan, avec lequel il avait déjà eu un entretien jeudi dernier. Il a également appelé le président syrien Hafez el-Assad et s'est entretenu avec Ehoud Barak, à l'initiative de ce dernier, après un premier entretien samedi, a précisé Mme Colonna. 
Les événements se sont précipités lundi au Sud-Liban où une situation chaotique régnait dans la ''zone de sécurité'' dont l'armée israélienne doit se retirer avant le 7 juillet. La progression du Hezbollah et de ses sympathisants a provoqué une véritable débandade dans les rangs de l'Armée du Liban-Sud (ALS), la milice libanaise pro-israélienne. Quatre civils ont été tués.
 
26. Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 19h30
Les grandes dates de l'occupation israélienne du Liban depuis 1978
BEYROUTH - La situation était de plus en plus confuse lundi au Liban sud où les désertions au sein de l'Armée du Liban sud (ALS, alliée d'Israël) se multipliaient devant l'avancée du Hezbollah. En Israël, on annonçait, lundi également, que la possibilité d'avancer le retrait de Tsahal du Liban sud prévu pour le 7 juillet allait être étudiée. 
Voici les grandes dates de l'occupation israélienne du Liban depuis 1978. 
-- 14 mars: Après une attaque d'un commando palestinien venu du Liban près de Tel-Aviv, 25.000 soldats israéliens envahissent le Liban sud dans une opération baptisée "Litani", tuant entre 200 et 400 personnes et provoquant l'exode de 400.000 civils vers Beyrouth. 
-- 19 mars: Le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la résolution 425 qui appelle Israël à opérer un retrait "immédiat" jusqu'à la frontière internationale et crée la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) dont la mission est d'aider l'armée libanaise à se déployer jusqu'à la frontière internationale. 
-- 6 juin: Israël lance une invasion du Liban baptisée opération "Paix en Galilée". 
-- 15 août au 3 sept: après avoir assiégé Beyrouth pendant deux mois, l'armée israélienne force le chef de l'OLP Yasser Arafat et 11.000 combattants palestiniens et plusieurs milliers de soldats syriens à évacuer la capitale libanaise mettant fin à six ans de règne de l'Etat-OLP au Liban. 
Au total l'opération "Paix en Galilée" aura fait 20.000 morts et 30.000 blessés, selon un bilan officiel libanais. 
-- Juin: L'armée israélienne opère un redéploiement au Liban conservant une "zone de sécurité" de 850 km2 au Liban sud et dans l'ouest de la Békaa qu'elle contrôle jusqu'à aujourd'hui conjointement avec sa milice auxiliaire l'Armée du Liban sud (ALS). 
-- 5 sept : Un raid aérien israélien sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn Héloué au Liban sud fait 46 morts. 
-- Mars: Une série de raids israéliens font 100 morts au Liban en représailles à un attentat contre un autobus israélien dans le Néguev. 
-- 16 février: L'aviation israélienne tue dans un raid au Liban sud le secrétaire général du Hezbollah, Abbas Moussaoui. 
-- 25 au 31 juillet: Opération israélienne "Justice rendue", visant le Hezbollah au Liban sud, à la suite d'attaques anti-israéliennes. 132 personnes, en majorité des civils libanais, sont tuées. Exode de plusieurs centaines de milliers de Libanais. 
-- 11 avril: L'Etat hébreu déclenche l'opération "Raisins de la Colère" visant à "briser" le potentiel militaire du Hezbollah. En 16 jours, 600 raids isaéliens au Liban font 175 morts et 351 blessés, pour l'essentiel des civils. 
-- 26 avril: Un accord de cessez-le-feu est conclu entre les "belligérants" au Liban sud qui interdit aux militaires de s'en prendre aux civils des deux côtés de la frontière libano-israélienne et prévoit un comité parrainé par Washington et Paris chargé de veiller à l'application du cessez-le-feu. 
-- 1er mars: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu annonce l'acceptation par Israël de la résolution 425 tout en exigeant des garanties. Le Liban refuse. 
-- 17 mai: Ehud Barak gagne les élections israéliennes après s'être engagé à retirer l'armée israélienne du Liban dans un délai d'un an. 
-- 1er juin: L'Armée du Liban sud (ALS, milice supplétive d'Israël) se retire de la région chrétienne de Jezzine, dans le prolongement de la zone occupée par Israël au Liban sud, qu'elle contrôlait depuis 14 ans sous supervision israélienne. 
-- 24/ 25 juin: L'aviation israélienne bombarde des objectifs civils au Liban (10 morts et 54 blessés) en représailles à des tirs de roquettes contre le nord d'Israël par le Hezbollah (2 morts). Deux centrales électriques et cinq ponts sont détruits dans les raids israéliens. 
-- 7-8 février: Israël bombarde par air l'infrastructure électrique du Liban après la mort de cinq militaires israéliens en quatre semaines. Un sixième soldat israélien est tué au Liban sud. 
-- 11 février: Le Hezbollah tue un septième militaire israélien provoquant le boycottage par Israël du comité international de surveillance des accords d'avril 1996. 
-- 5 mars: Le gouvernement israélien endosse le plan du Premier ministre Ehud Barak prévoyant un retrait du Liban d'ici à juillet 2000, même en l'absence d'un accord avec la Syrie et le Liban. 
-- 9 mai: Les miliciens de l'ALS évacuent pour la première fois un village de la zone occupée qu'ils contrôlaient, Aaramta, aussitôt regagné par les habitants qui avaient été contraints de l'abandonner. 
A partir de cette date, les désertions se multiplient au sein de l'ALS, qui commence à s'effondrer dès le 21 mai, évacuant ses postes dans six villages.
 
27. Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 18h29
Bombardements américains dans le nord et le sud de l'Irak
ANKARA - Des avions américains ont bombardé lundi un système de défense antiaérienne irakien en réponse à un tir de DCA pendant une patrouille dans la zone d'exclusion aérienne dans le nord de l'Irak, a annoncé l'armée américaine. 
On précisait que les appareils avaient tiré sur une batterie antiaérienne près de Bachikah, à environ 400 kilomètres au nord de Bagdad. Tous les avions sont revenus indemnes à leur base d'Incirlik (sud de la Turquie). 
Dans un autre raid mené par des F/A-18 et des F-16, des radars et des batteries de DCA ont été bombardées dans la zone d'exclusion située dans le sud du pays, a précisé le commandement central basé en Floride. 
L'Irak refuse de reconnaître les deux zones d'exclusion aérienne imposées depuis la guerre du Golfe de 1991, pour protéger au nord la minorité kurde et au sud les populations chiites. Depuis décembre 1998, Bagdad s'oppose aux patrouilles américano-britanniques au-dessus de ces zones et les accrochages sont fréquents.
 
28. Dépêche de l'agence Reuters du lundi 22 mai 2000, 17h09
Liban : le Hezbollah récupère des villages abandonnés par Hussein Saad 
HOULA, Liban - Les maquisards chiites libanais du Hezbollah ont récupéré une série de localités du Liban-Sud abandonnées par l'armée israélienne à la lisière nord de l'Etat hébreu. 
Cette poussée vers le Sud a conduit les combattants pro-iraniens à moins de deux kilomètres de la frontière israélienne où il n'y a plus de troupes israéliennes pour faire tampon. 
Elle divise aussi pour la première fois depuis 1985 en deux secteurs la "zone de sécurité" installée sur une quinzaine de km de profondeur par Tsahal et ses alliés de l'ALS pour empêcher toute attaque contre la Galilée. 
Les maquisards libanais ont, dans un premier temps, pénétré dans le village de Houla, s'emparant de la position de l'Armée de Liban-Sud (ALS, milice libanaise supplétive d'Israël) installée aux abord de la localité. Les six Libanais qui défendaient cette position s'étaient auparavant rendus. 
Le Hezbollah a ensuite pris le contrôle d'autres petites localités du secteur. 
Houla, occupé pendant 22 ans par Tsahal, avait été abandonné la semaine dernière en vue du retrait militaire israélien du Liban-Sud, qui devrait débuter le 1er juin et se terminer au plus tard le 7 juillet. 
Les Israéliens craignent que les maquisards chiites, qui se battent depuis des années pour obtenir la libération du sud de leur pays, utilisent Houla pour lancer des attaques à la roquette sur les kibboutzim du nord de l'Etat hébreu après le 7 juillet.
Le général Lahad promet 
Houla et les villages environnants sont situés de l'autre côté de la frontière israélo-libanaise, juste en face de Kyriat Shmona, la ville la plus septentrionale d'Israël qui a souvent été la cible de roquettes Katioucha. 
La division de la zone occupée en un secteur est et un secteur ouest rend encore plus vulnérable la position des hommes de l'ALS. "Nous ignorons ce qui se passe dans le secteur occidental de la zone", a confié à Reuters une source proche de la milice supplétive d'Israël. 
Son chef, le général Antoine Lahad (NDLR: bien lire ...Lahad...), a juré lors d'une visite en France que ses hommes resteraient sur le terrain. "L'ALS restera pour défendre les villages du Liban-Sud", a déclaré au journal pan-arabe Al-Ayat le général, qui souligne le fait que ses 2.600 combattants disposent d'un armement lourd et léger. 
"Ces armes seront maintenues pour défendre les localités en relation avec Israël", a-t-il assuré. 
Selon le Hezbollah, ses hommes ont détruit un véhicule blindé de transport de troupes à proximité de Houla en faisant exploser une bombe à distance. L'ALS a confirmé la réalité de l'attaque. 
Les miliciens chiites avaient auparavant affirmé avoir attaqué pour la deuxième journée consécutive à la roquette une position israélienne dans le secteur des hameaux de Chebaa, au pied du plateau du Golan. Ce secteur est revendiqué par le Liban. 
Pour l'Etat hébreu, Chebaa fait partie des territoires syriens capturés pendant la guerre de 1967.
 
29. L'Humanité du lundi 22 mai 2000
L'homme du jour : Ehud Barak
Il a reporté le voyage qu'il devait faire aux Etats-Unis pour rencontrer Bill Clinton et a consacré la journée d'hier à la réunion de son gouvernement face au double dossier des territoires occupés et du retrait israélien du Liban sud. En quelques jours, quelques heures, la situation s'est brusquement dégradée sur les deux fronts les plus difficiles de cette région de toutes les tensions. Dans le même temps qu'il tire les sonnettes d'alarme en mettant en garde le roi de Jordanie, le président égyptien et même Jacques Chirac, à qui il a téléphoné, contre " les implications possibles des derniers événements sur le processus de paix ", il hausse le ton et met en garde l'Autorité palestinienne. Il joue du rapport de forces et suspend le transfert annoncé de trois nouvelles localités aux Palestiniens. C'est peut-être là, précisément, que la " méthode " Barak est en crise. Peut-il reprocher à l'Autorité palestinienne de se laisser déborder quand de reports en reports, d'atermoiements en faux-semblants - pour ménager, entre autres, son aile droite - le premier ministre israélien porte une lourde responsabilité dans la montée des périls ?
 
30. Dépêche de l'Agence France Presse du lundi 22 mai 2000, 16h27
Les négociations de paix secouées
JERUSALEM - Les pourparlers de paix israélo-palestiniens paraissaient mis à mal lundi, au lendemain du rappel par l'Etat hébreu de son équipe de négociateurs à Stockholm, après le déferlement d'une vague de violence en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. 
Les violentes manifestations, qui se succèdent depuis le 10 mai, ont débuté dans le cadre d'une campagne lancée par le Fatah de Yasser Arafat, en faveur des 1.600 prisonniers palestiniens, détenus par l'Etat hébreu. 
"Arafat ne pouvait pas empêcher le Fatah d'agir ainsi, tout simplement parce que le Fatah a perdu beaucoup de soutien et de crédibilité auprès de la rue palestinienne", a expliqué l'analyste palestinien Khalil Chikaki, directeur du Centre palestinien de recherche politique. 
"Les dernières semaines ont été les pires depuis au moins 1993 pour la popularité du Fatah et d'Arafat", a-t-il ajouté. 
Le Premier ministre israélien Ehud Barak, qui tente de maintenir sa coalition gouvernementale, a rappelé dimanche "pour consultation" sa délégation aux négociations de paix à Stockholm en signe de protestation contre les violences. 
Il avait aussi annulé son voyage aux Etats-Unis, prévu lundi, pour les mêmes raisons. 
Ces violences ont fait six morts parmi les Palestiniens et plus de 600 blessés, dont une vingtaine de soldats israéliens et une fillette israélienne qui a été gravement brûlée par le jet d'une bouteille incendiaire, au passage du véhicule dans lequel circulait sa famille à proximité de la ville autonome de Jéricho (Cisjordanie). 
"Le Premier ministre a tout simplement conclu que, puisque les territoires brûlaient, qu'une petite fille brûlait, la question de la relance des pourparlers avec les Palestiniens n'avait plus de caractère d'urgence", a estimé un haut responsable israélien, cité par le quotidien Maariv. 
Le secrétaire du gouvernement palestinien Ahmad Abdelrahmane a qualifié d'"irresponsable" cette décision, qui "va aggraver la situation et augmenter la tension", selon lui. 
L'équipe de négociateurs l'Etat hébreu, dirigée par le ministre de la Sécurité intérieure Shlomo Ben Ami, doit regagner Israël lundi. 
"Il n'y a pas de décision de ne pas continuer les pourparlers", a pour sa part indiqué un responsable du bureau de M. Barak, sans autre précision. 
D'après Maariv, les deux parties en Suède étaient proches d'un accord-cadre sur les principales questions en suspens, y compris le statut de Jérusalem, les frontières du futur Etat palestinien et le sort des réfugiés palestiniens. 
"L'Intifada (soulèvement) des prisonniers", comme l'ont baptisée les médias palestiniens, a été marquée par les premières batailles rangées entre policiers palestiniens et soldats israéliens depuis les émeutes de septembre 1996, qui avaient fait plus de 80 morts, dont une quinzaine d'Israéliens, causées par l'ouverture, à l'initiative du gouvernement de Benjamin Netanyahu, d'un tunnel sous l'Esplanade des mosquées à Jérusalem. 
Des responsables israéliens ont accusé M. Arafat d'avoir envoyé des messages ambigus aux manifestants en les armant un jour pour tenter de les maîtriser le lendemain, selon eux. 
"Israël n'acceptera pas que la situation continue ainsi et exige avec force de l'Autorité palestinienne qu'elle prenne les mesures nécessaires pour que les incidents ne se reproduisent pas", a déclaré dimanche M. Barak lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. 
Il a également différé le transfert de trois localités palestiniennes proches de Jérusalem à l'Autorité palestinienne dans l'attente d'un retour au calme dans les territoires.
 
31. Dépêche de l'agence Associared Press du lundi 22 mai, 13h53
Trois des 13 juifs iraniens plaideront non coupable
SHIRAZ, Iran - Trois des 13 juifs iraniens jugés pour espionnage au profit d'Israël ont annoncé lundi à la presse qu'ils plaideront non coupable. 
''Nous n'avons pas besoin d'avocats. Nous ne sommes pas des espions. Nous sommes innocents et nous serons acquittés si Dieu le veut'', a déclaré le vendeur de chaussures Omid Tefilin à l'issue de sa comparution devant un tribunal de Shiraz (880km au sud de Téhéran). 
Tefilin, ainsi que l'étudiant Navid Balazadeh et le commerçant Nedjatollah Brukhimnedjad sont en liberté sous caution depuis février, sans doute parce que les accusations qui pèsent contre eux sont moins graves que celles qui visent les dix autres prévenus. 
Sur ces dix, tous détenus, huit ont plaidé coupable, alors qu'un autre a rejeté les accusations et qu'un dernier reconnaît avoir collecté des informations pour Israël, mais sans faire d'espionnage. Tous risquent une longue peine de prison.
 
32. Dépêche de l'agence Reuters du lundi 22 mai 2000, 14h41
Sud-Liban : Tsahal prêt à plier bagages à partir du 1er juin par Howard Goller
JERUSALEM - Un haut responsable de l'armée israélienne a déclaré que le Premier ministre Ehud Barak avait ordonné à Tsahal de se tenir prête à effectuer son retrait de la zone d'occupation du Liban-Sud à partir du 1er juin, confirmant des informations parues dans les médias. 
"Le redéploiement aura lieu entre cette date et le 7 juillet comme le Premier ministre en a donné instruction", a déclaré cet officier de rang supérieur sous couvert de l'anonymat. 
Ehud Barak a réaffirmé, lors d'une visite dans le nord d'Israël, que son pays ne tolérerait aucune attaque contre les forces ou les communautés situées à la frontière une fois le retrait effectué. "La riposte sera très douloureuse et ne se limitera pas nécessairement aux localités (de cette région). Je ne conseillerai à personne de mettre à l'épreuve la riposte d'Israël", a-t-il averti. 
L'information avait été diffusée par la première chaîne de télévision publique. L'officier a cependant souligné que cette date du 1er juin ne signifiait pas que le retrait aurait lieu effectivement dans les jours suivants. 
Les sondages d'opinion montrent qu'une large majorité d'Israéliens sont favorables à ce retrait unilatéral. 
Le vice-ministre israélien de la Défense, Ephraïm Sneh, a cependant déclaré qu'Israël pourrait "revenir à la réalité des années 1970" si le Hezbollah revenait menacer le nord de l'Etat hébreu. 
Dans les années 1970, l'armée israélienne avait mené plusieurs incursions dans le sud du Liban, dont l'opération sur le fleuve Litani en 1978, avant de mettre en place sa "zone de sécurité" en 1982. 
"Le seul moyen d'éviter d'entrer à nouveau est d'empêcher le Hezbollah le long de la frontière. Je ne peux pas être plus clair", a ajouté Ephraïm Sneh.
Contentieux sur Chebaa
Le Hezbollah a répondu indirectement en entrant lundi matin dans le village de Houla, au sein de la zone de sécurité, situé à seulement deux kilomètres de la frontière nord de l'Etat hébreu. L'armée israélienne s'était retirée la semaine dernière de cette localité qu'elle occupait depuis 22 ans. 
Les combattants du Hezbollah se sont également emparés sur place d'un poste militaire tenu par des miliciens pro-israéliens de l'ALS (Armée du Liban-Sud). Six miliciens se sont rendus, a précise un correspondant de Reuters. 
Deux chasseurs israéliens avaient tiré auparavant quatre roquettes sur un secteur proche de Houla, selon une source proche des services de sécurité libanais, qui n'a fait état d'aucune victime dans l'immédiat. 
Renforçant encore la tension dans la région, le Hezbollah a annoncé avoir attaqué dimanche une position israélienne dans le secteur des hameaux de Chebaa, au pied du plateau du Golan. 
Ce territoire est revendiqué par le Liban mais Israël répond que Chebaa fait partie des territoires syriens capturés pendant la guerre de 1967. 
Les observateurs estiment que le Hezbollah pourrait prendre prétexte de ce contentieux pour poursuivre ses attaques contre Israël. 
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit décider si le mandat de la force de maintien de la paix de l'Onu au Liban (Finul), forte de 4.500 membres, sera élargi aux territoires évacués par l'armée israélienne. 
Le ministère danois de la Défense a annoncé lundi qu'il était prêt à fournir 265 hommes pour renforcer la Force intérimaire des Nations unies au Liban.

33. Dépêche de l'agence agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 13h58
Les miliciens de l'ALS fuient le Liban pour Israël
BEYROUTH - Des hélicoptères de combat israéliens ont ouvert le feu lundi sur des centaines de sympathisants des groupes chiites libanais Hezbollah et Amal qui menaient une marche à travers la zone occupée par Israël dans le sud du Liban pour rentrer dans leurs anciens villages. 
Selon les forces de sécurité libanaises, les hélicoptères ont ouvert le feu pour disperser la foule entre les villages de Houla et de Meiss El-Djabal et auraient fait deux morts. 
Cette marche avait provoqué la fuite de dizaines d'hommes de l'Armée du Liban-Sud (ALS), la milice supplétive d'Israël dans la région, et de leurs familles. Ils ont ainsi fui en nombre vers l'Etat hébreu, suppliant les autorités israéliennes de leur accorder asile. Au moins quatre camions et deux jeeps ont franchi le poste frontalier de Toumoulos, près du kibboutz de Malkhia. 
Lorsque les manifestants libanais ont atteint le village de Houla, les neuf derniers miliciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS) encore présents sur place ont déserté leur position et ont demandé la protection du gouvernement libanais, a-t-on précisé sous couvert d'anonymat. Un peu plus tôt, d'autres soldats de l'ALS ont battu retraite en direction de la frontière libano-israélienne. 
La télévision libanaise a montré des images de manifestants embrassant des habitants de Houla qui vivent sous occupation israélienne. Un porte-parole de Tsahal à Jérusalem a confirmé qu'un groupe de civils libanais venant de l'extérieur de la zone d'occupation est entré à Houla, situé à seulement deux kilomètres au nord de la frontière israélienne. 
Par la suite, d'autres manifestants ont fait mouvement en direction d'autres villages, ceux de Markaba, Tallousa, Rob Thalassine, Baraachit, Bani Hayan et Beit Yahoun. Une douzaine de villages semblent désormais avoir été repris par les sympathisants du Hezbollah, à l'approche du retrait israélien de la région, officiellement prévu pour le 7 juillet. 
Par ailleurs, dans une autre partie de la ''zone de sécurité'' israélienne dans le sud du Liban, des commandos du Hezbollah ont attaqué plusieurs postes avancés de l'ALS, blessant notamment un milicien dans l'explosion d'une bombe dans le village de Beit Lif, à quatre kilomètres au nord de la frontière israélienne. Ils ont également tiré des roquettes Katioucha sur une position israélienne situé à la frontière libano-syrienne entraînant une riposte de l'armée de l'air israélienne. 
Les roquettes ont atteint le village de Djabal el-Rouss situé au pied du Mont Hermon et quelques missiles ont atterri près du village de Kfar Chouba, ont précisé des responsables de la sécurité libanaise. C'est la première fois que Kfar Chouba se retrouve sur la ligne de front depuis la guerre israélo-arabe de 1973 au cours de la laquelle la Syrie avait vainement tenté de récupérer le plateau du Golan. 
Cette attaque à la roquette était apparemment destinée à contraindre Israël à se retirer de la région de Chébaa qui est revendiquée par le Liban mais qu'Israël attribue à la Syrie. 

34. Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 22 mai 2000, 12h29
Manifestation du Hezbollah dans la zone occupée
BEYROUTH - Quelque 500 Libanais sympathisants du Hezbollah ont organisé lundi une marche de cinq kilomètres à travers la zone occupée par Israël dans le sud du Liban pour regagner leur ancien village, rapportent des témoins et des responsables de la sécurité libanaise. 
Lorsque les manifestants, agitant des drapeaux du mouvement islamiste pro-iranien, ont atteint le village de Houla, les neuf derniers miliciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS) encore présents ont déserté leur position et ont demandé la protection du gouvernement libanais, ont déclaré des responsables de la sécurité libanaise sous couvert de l'anonymat. Un peu plus tôt, d'autres soldats de l'ALS ont battu retraite en direction de la frontière libano-israélienne. 
La télévision libanaise a montré des images de manifestants embrassant des habitants de Houla qui vivent sous occupation israélienne. 
Un porte-parole de Tsahal à Jérusalem a confirmé qu'un groupe de civils libanais venant de l'extérieur de la zone d'occupation est entré à Houla, situé à seulement deux kilomètres au nord de la frontière israélienne. 
Par ailleurs, dans une autre partie de la ''zone de sécurité'' israélienne dans le sud du Liban, des commandos ont attaqué plusieurs postes avancés de l'ALS, blessant notamment un milicien dans l'explosion d'une bombe dans le village de Beit Lif, à quatre kilomètres au nord de la frontière israélienne. 
Les hommes du Hezbollah ont également tiré des roquettes sur une position israélienne situé à la frontière libano-syrienne entraînant une riposte de l'armée de l'air israélienne. 
Les roquettes ont atteint le village de Jabal el-Rouss situé au pied du Mont Hermon et quelques missiles ont atterri près du village de Kfar Chouba, ont précisé des responsables de la sécurité libanaise. 
C'est la première fois que Kfar Chouba se retrouve sur la ligne de front depuis la guerre israélo-arabe de 1973 au cours de la laquelle la Syrie avait vainement tenté de récupérer le plateau du Golan. 
Cette attaque à la roquette était apparemment destinée à contraindre Israël à se retirer de la région du Chebaa qui est revendiquée par le Liban mais qu'Israël attribue à la Syrie.

35. Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 19 mai 2000
Elie Salem : L'homme des contrastes par Roula Mouaffak
Elie Salem est un nom qui, pour les Libanais, restera toujours associé à l'accord mort-né du 17 mai 1983, et à une période mouvementée de l'histoire du Liban, marquée par l'invasion israélienne de 1982 et par la longue épreuve de force entre le président Amine Gemayel et le président du Conseil, Rachid Karamé. 
Il n'est pas facile d'obtenir d'Elie Salem, aujourd'hui recteur de l'université de Balamand, de parler de cette étape de l'histoire du Liban. Il en a dit l'essentiel dans son ouvrage "Violence and diplomacy in Lebanon" (I.B. Tauris, 1995), qui a été traduit et publié au Liban sous le titre "Les choix difficiles". 
La carrière politique d'Elie Salem s'étend de 1982 à 1988, soit du début de l'invasion israélienne à la fin du mandat du président Amine Gemayel. Entre 1982 et 1984, il fut ministre des Affaires étrangères. De 1984 à 1988, il fut conseiller du président Gemayel, et pratiquement ministre des Affaires étrangères. Le ministre en titre était le président du Conseil, Rachid Karamé. Mais la période fut marquée par une rupture totale entre ce dernier et le chef de l'Etat, et une paralysie qui fut immensément préjudiciable au Liban. 
C'est avec la sérénité d'un professeur d'université et d'un terrien qu'Elie Salem parle de sa vie et de ce passé mouvementé. Pour l'université de Balamand, aux destinées de laquelle il préside, il a pris pour modèle la Cité de Platon. De son bureau, la Méditerranée bleue aux horizons phéniciens se profile. Voici que par la pensée, il revient pour nous à une époque proche et lointaine à la fois, parlant plus volontiers de son enfance, de ses choix de vie, de sa culture, que de politique. 
Adib Salem, son père, était notaire à Bterram. Son enfance a pour cadre la plaine de Koura et ses magnifiques oliveraies. C'est grâce à ces oliveraies et au pressoir -et à quelques terrains vendus- qu'Adib Salem parviendra à assurer à sa fille et à ses fils, dont Elie, l'aîné des garçons, né le 5 mars 1930, l'éducation que lui-même, témoin de la Première Guerre mondiale et de la pauvreté qui l'accompagna, dut interrompre à la fin du cycle primaire. 
Elie Salem évoque avec humour le conseil convoqué par son père quand ce dernier apprit qu'il ne comptait pas entreprendre des études de médecine. Le prêtre, le président de la municipalité, le moukhtar et les amis proches, réunis au salon du domicile, interrogèrent longuement le jeune adolescent, parvenu en fin d'études secondaires, et décidé de se rendre à Beyrouth pour s'inscrire à l'Université américaine. Pourquoi ce choix ? Qu'est-ce qui l'avait fait changer d'avis ? C'est quoi, les Lettres ? Comment peut-on aspirer à être autre chose qu'ingénieur ou médecin ? 
L'allégeance au seul Liban 
Sa décision était quand même prise. On était au milieu des années 40. Dans quelques années, la nakba allait bouleverser le visage du Moyen-Orient et la destinée de ses peuples, pour les décennies à venir. Mais pour le moment, Elie Salem réfléchissait au Liban. Fils d'un milieu ouvert aux partis idéologiques, de liens séculaires tissés entre le Koura orthodoxe et le Tripoli sunnite, Elie Salem avait pris conscience de l'insuffisante attention accordée par ces partis au Liban, au profit de solidarités internationales ou de nationalismes plus vastes. Il y trouve en partie l'une des causes de l'effondrement d'une patrie qui n'a pas reçu l'attention qu'elle mérite. 
Aujourd'hui encore, Elie Salem pense qu'il faut édifier le Liban, qu'il ne faut pas le négliger pour défendre des idéaux et des solidarités externes. Edifier le Liban, pour y être édifié. De son enfance villageoise, Elie Salem garde aussi le goût de la terre. Domicilié à Beyrouth en hiver, il estive dans son village, où un jour au moins est consacré au travail de la terre et à la culture. Toute une culture. 
Au contact de l'université, au contact de l'histoire qui se fait, Salem va trouver l'équilibre nécessaire entre les causes arabes, palestinienne et libanaise. Cette dernière venant toujours en tête. Sans le Liban, pense-t-il, que peut-on pour la Palestine et le monde arabe? Sans le Liban, et l'histoire l'a prouvé, la Palestine s'effondre et la pensée arabe s'affaiblit, car le Liban seul a vocation d'être la tribune et le laboratoire des grandes causes arabes. 
Cette prise de conscience est à l'origine de ses orientations académiques. Connaître le monde arabe et l'islam, les connaître de près et non pas vaguement, lui semble indispensable pour comprendre le Liban en profondeur, pour comprendre la région et la situation politique. Il décide donc de se spécialiser en civilisation arabe et islamique. Titulaire d'un B.A. de l'AUB en 1950, il quitte pour l'université de Cincinnati, aux Etats-Unis, avant de se diriger vers la John Hopkins University, où il soutient brillamment sa thèse de sciences politiques "Political theory and institutions of the Khawarij", publiée en 1956. 
Arabité et islam 
A ce jour, Elie Salem considère que sa décision d'approfondir les civilisations arabe et islamique est l'une des décisions les plus importantes qu'il ait prise. On ne minimise pas l'importance d'une langue qui a dominé le monde sept siècles durant, pense-t-il, ou des universités arabes qui ont été des centres de rayonnement intellectuel durant des siècles. Mais c'est bien ce dont souffre en partie la génération actuelle, qui manque de profondeur sur ces plans. 
Ces études ont une importance existentielle pour Elie Salem. Elles lui servent à structurer sa propre identité. Aujourd'hui, il se définit par le patrimoine orthodoxe de sa religion chrétienne, qu'il pratique avec ferveur, par son allégeance régionale affective au Nord, au Koura, aux oliveraies, son allégeance politique au Liban, et au seul Liban, et enfin par son allégeance culturelle aux civilisations arabe et islamique, sur lesquelles il a des vues très personnelles. 
Pour Elie Salem, l'arabité et l'islam sont deux choses distinctes. Ou pour mieux dire, ils ne sont pas la même chose. La civilisation arabe a précédé l'islam. Mais l'islam ne se comprend pas hors l'arabité, puisque le Prophète était arabe et que le Coran est écrit en arabe. L'islam, en revanche, ne se confond pas avec la civilisation arabe. Il est, en un sens, plus vaste et moins vaste, tout dépendant du point de vue où l'on se place. 
La civilisation arabe se comprend-elle indépendamment de l'islam? Encore une question difficile, à laquelle, pense Elie Salem, toute réponse apportée doit être nuancée. On peut être arabe musulman et arabe chrétien. En un sens, au sein de la civilisation arabe, il existe de la place pour une dialectique entre islam et christianisme, deux religions monothéistes qui ont tant en commun, bien que leurs théologies soient très différentes. La connaissance mutuelle de la religion de l'autre, par les Libanais chrétiens et musulmans, est une chose nécessaire pour dissiper les confusions héritées du passé et des polémiques linguistiques et philologiques dépassées. 
Le dilemme de la citoyenneté 
La thèse de doctorat soutenue, Elie Salem rentre au Liban, et enseigne à l'AUB deux années durant. Il repart ensuite pour la John Hopkins où il sera assistant professeur, quatre années durant, en politique du Moyen-Orient. 
Aux Etats-Unis, nous retrouvons Elie Salem heureusement marié à une Américaine, mais tiraillé entre deux nationalités, deux destinées. La nationalité américaine et une carrière professorale aux Etats-Unis, une citoyenneté libanaise et le retour à terme au Liban. 
Et voici un beau jour Elie Salem debout dans la longue file des demandeurs de citoyenneté, attendant de recevoir des mains d'une fonctionnaire américaine le formulaire à remplir. Vient son tour, mais les signes de l'hésitation et du tourment se lisent dans sa conduite. A la question de savoir ce qui se passe, Salem répond "ne pas être sûr" de vouloir devenir Américain. A quoi la préposée lui répond, avec la franchise totale des Américains: "Mais, monsieur, mille autres le sont." 
De retour au Liban, Elie Salem va enseigner au département des sciences politiques de l'AUB, avant d'être nommé doyen de la Faculty of arts and science (1974), premier professeur libanais à occuper un poste académique de cette importance. 
Les années passent. Deux mois avant l'élection de celui-ci à la présidence de la République, Elie Salem fait la connaissance de Bachir Gemayel chez des amis communs. Il constate tout de suite qu'il a, en face de lui, un homme déterminé, mais qui se trompe souvent, et dont la formation si éloignée des courants nationalistes arabe et palestinien est totalement différente de la sienne. Après son élection, Bachir Gemayel demandera à Elie Salem d'être à ses côtés. Il écoute ses remarques et corrige ses déclarations en fonction des observations qui lui sont faites. Elie Salem s'efforcera de modérer ses prises de position et d'élargir son horizon libanais et arabe. 
Avec Bachir, puis Amine Gemayel
Après le décès tragique de Bachir Gemayel, son frère Amine est élu président de la République (1982). De nuit, le nouveau chef de l'Etat appelle Elie Salem et lui demande d'être son ministre des Affaires étrangères. Avant de donner sa réponse, Elie Salem pose une seule question à Amine Gemayel: "Es-tu engagé à signer avec Israël un traité de paix?" Une question à laquelle Gemayel répond par la négative. Salem accepte la charge. L'accord du 17 mai, il ne l'a jamais conçu que dans l'optique d'une issue à la crise engendrée par l'occupation israélienne. 
C'est sans y avoir aspiré qu'Elie Salem devient ministre. Il ne voit les choses que sous l'angle du service qu'il pense pouvoir rendre au Liban. Elie Salem est un homme aux convictions invariables, qui sait se comporter en ministre sans être ministre, ou en président sans être président. Sa philosophie de vie fait de lui un homme qui sait ce qu'il veut, qui il est, qui influe sur d'autres comme d'autres influent sur lui, mélange de convictions inébranlables et de pragmatisme anglo-saxon assez rare et spécial. 
Il faut reconnaître que Salem assumera ses charges de ministre des Affaires étrangères dans des conditions extrêmement difficiles et délicates, alors qu'Israël occupe la moitié du Liban. Interrogé, il ne cherche pas à se dérober à ses responsabilités, au contraire. En patriote farouche et intègre, qui a toujours placé le Liban avant tout, il en est fier et ne considère pas qu'il doit avoir honte de ses réalisations. Pour Elie Salem, il est évident que l'accord du 17 mai bénéficiait de l'appui américain, mais que l'URSS lui était hostile, et que le Liban a été la victime de cette épreuve de force remportée par les Soviétiques. Cet accord avait remporté l'adhésion de la majorité des Libanais, toutes communautés confondues. Un Mikhaël Daher, un moment candidat de la Syrie à la présidence de la République, et un Elias Hraoui se sont "égosillés", dit Salem, pour faire passer l'accord. 
"Aujourd'hui tout le monde le renie, à l'exception d'Elie Salem et de Kamel el-Assaad", ajoute-t-il. Ce dernier était président de l'Assemblée nationale en 1983, année où l'Assemblée approuva l'accord et autorisa le gouvernement à le parapher. 
Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, l'accord du 17 mai est un règlement permettant le retrait israélien du Liban, et pas de n'importe quelle partie du Liban: de sa capitale, du Chouf, du Sud. Un accord qui sort Israël du consensus libanais et de la formule libanaise, qui épargne au Liban un accord de paix, une normalisation et un échange d'ambassadeurs avec Israël. Pour lui, il s'agit d'un exploit et non d'une tare. Cet accord existe. Des accords ont été conclus par Israël avec l'Egypte, les Palestiniens. Il y en aura peut-être dans un proche avenir avec des pays du Golfe. On pourra alors les comparer avec l'accord du 17 mai, "et l'on saura qui mérite l'oubli, et qui une statue". 
Pour Elie Salem, l'accord du 17 mai est un "incomparable exploit diplomatique dans le monde arabe" qui a joui d'une majorité parlementaire au Liban: soixante-cinq voix pour deux voix contre (Najah Wakim et Zaher el-Khatib), quatre abstentions (Hussein Husseini, Albert Mansour, Abdel Magid Rafeï et Rachid Solh), tandis que dix-sept députés se sont absentés, représentant Rachid Karamé, Sleiman Frangié, Walid Joumblatt et Raymond Eddé, ainsi que la plupart des députés de la Békaa. 
En 1982, souligne Elie Salem, il n'était pas question pour Israël d'appliquer la résolution 425. Bien au contraire, un grand séisme politique et militaire s'était produit, et les politiciens libanais, aussi bien chrétiens que musulmans, traitaient avec Israël, parce qu'on est naturellement du côté du vainqueur. Pour sortir Israël du Liban, il fallait un accord, et l'accord du 17 mai ne fut rien d'autre qu'un amendement de l'accord d'armistice de 1949. Un accord de non-belligérance, mais non un accord de paix. Pour Salem, cet accord a été conclu "en conscience", et il ne sent nullement le besoin de se faire accompagner par un garde du corps. 
A 70 ans, Elie Salem n'a pas d'aspirations politiques, et s'étonne de ce que son fils Paul ait décidé de briguer le siège parlementaire orthodoxe du Koura. La vocation de député lui est étrangère, surtout dans l'état actuel de la vie politique au Liban, où le député doit rendre mille menus services à ses électeurs. Pas de "street politics" pour Elie Salem. Il se sent bien dans ses fonctions académiques, qu'il s'était promis de rejoindre, en acceptant ses charges ministérielles, ayant refusé d'avance un poste d'ambassadeur à Washington que le président Gemayel lui proposait. "Theory oriented", Salem a créé un institut d'études politiques, le "Lebanese center for policy studies" et a été nommé, en 1993, recteur de l'université de Balamand, un poste qui lui est particulièrement cher et où il met le meilleur de lui-même, conscient qu'en édifiant une université, il édifie un citoyen libanais modèle et, du même coup, le Liban.
 
36. Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 19 mai 2000
Echanges d'attaques et d'accusations : La tension monte entre l'Iran et l'Irak par Samir Azar
Les origines de la guerre Iran-Irak ont été multiples. Outre la rivalité ancienne entre Arabes et Perses, le conflit eut pour enjeu la région stratégique du Chatt al-Arab et le contrôle des eaux du Golfe arabo-persique. Il s'agit également d'une lutte pour la suprématie régionale. Douze ans après la fin de la guerre, la tension monte dangereusement entre les deux ennemis. 
La paix entre Iran et Irak fut signée le 20 août 1990 aux conditions irakiennes, sur la base du statu quo ante bellum. Les deux pays sortaient exsangues de la guerre qui fit 1200000 morts. L'Iran avait perdu sa position dominante dans la région au profit de l'Irak, et les dirigeants iraniens, isolés, durent renoncer à l'expansion islamiste. L'Irak, en revanche, apparaissait comme la nouvelle puissance au Proche-Orient. Saddam Hussein reporta alors ses prétentions hégémoniques sur le Koweït. Malgré la fin officielle de la guerre, il semble que l'Iran et l'Irak continuent de se livrer entre eux à une guerre larvée par agents interposés. Il y a une quinzaine de jours, lors du déroulement du second scrutin en Iran, des attentats ont été commis par les moudjahidin du peuple, mouvement de résistance au régime iranien. 
Il semble que la "politesse" a été bien rendue. Le centre de Bagdad a été le théâtre d'une attaque à la roquette imputée par les autorités irakiennes à des "agents iraniens" mais revendiquée par l'opposition armée irakienne en exil. Citant un porte-parole du ministère de l'Intérieur, l'agence irakienne de presse INA précise que huit roquettes de 122 mm sont tombées de nuit sur un quartier résidentiel d'al-Karkh, dans le centre de la capitale irakienne. "Une petite fille âgée de 3 ans a été tuée, quatre autres personnes ont été blessées et hospitalisées", précise INA. 
En visite au Koweït, un porte-parole du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak, organisation basée en Iran, a annoncé que "la résistance islamique a tiré neuf roquettes sur le palais présidentiel de Bagdad". "L'opposition armée, al-Hakim, ne connaît pas encore l'ampleur des dégâts infligés, mais selon ses propres sources à Bagdad, des dizaines d'ambulances sont arrivées sur les lieux. Des témoins nous ont dit que plusieurs membres du régime avaient été tués", a ajouté Abdul-Aziz .
Menace de représailles 
A Téhéran, un responsable du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak a confirmé que l'organisation avait visé un palais de ce quartier du centre de la capitale irakienne et a annoncé que les opérations armées se poursuivraient jusqu'au renversement du régime de Saddam Hussein. 
Le 1er mai dernier, huit personnes avaient été blessées dans une précédente attaque à la roquette dans Bagdad que les autorités irakiennes avaient déjà imputée à des "agents iraniens". "Des agents du régime iranien ont commis un crime de plus contre le peuple irakien", avait déclaré un porte-parole. "Le régime iranien est pleinement responsable de ces actes infâmes et ce crime ne restera pas impuni", a-t-il menacé. Les autorités iraniennes n'ont pas réagi à ces accusations. 
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