Dear All,
I have recently heard that Hans Goebl, Professor of Romance Philology in
Salzburg, is co-ordinating a protest against the ERIH rankings within
Austria and Germany. I am forwarding his circular together with a
circular from colleagues at Besançon protesting against a similar
ranking system in France which, as Goebl says, presents the arguments
with exceptional clarity.
Regards
Martin
--
Professor Martin Durrell
German Studies, SLLC
University of Manchester
MANCHESTER, M13 9PL
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Forwarded e-mail from Hans Goebl:
---------------------------- Original Message ----------------------------
Subject: Protest gegen Zeitschriften-Ranking/Protestation contre le
palmarès des revues scientifiques
From: [log in to unmask]
Date: Sun, November 2, 2008 09:37
To: [log in to unmask]
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Liebe Freunde!
Jüngst habe ich aus Wales von einer in Frankreich gegen das ebendort
staatsweit betriebene Ranking (durch die Agentur AERES) von
Zeitschriften in die Klassen A (= "gut, kann überleben") bis C (= "weg
damit") gestarteten Initiative gehört und das beigefügte
Protestschreiben übermittelt bekommen.
Die darin enthaltenen Argumente sind m. W. noch nirgends mit dieser
Klarheit zusammengefaßt worden. Der Text enthält auch Internet-Adressen,
wo man seine Zustimmung manifestieren kann. Letzteres habe ich schon
getan.
Noch eine Bemerkung aus Romanisten-Mund: der höfische Absolutismus des
17. Jahrhunderts wurde unter anderem dadurch etabliert und generell
durchgesetzt, daß "von ganz oben" dekretiert wurde, was literarisch und
intellektuell GUT (= A) und SCHLECHT (=C) war. Zur Überprüfung dieses
Rankings wurden - erneut "von ganz oben" - Experten eingesetzt, die
Gewinner des Rankings nach Versailles zum Sonnenkönig eingeladen und mit
Staatspensionen belohnt. Und ganz Europa lag eine Zeitlang vor solchen
Techniken auf dem Bauch.
Im aus dem Jahr 1647 stammenden Schlüsseltext des Ober-Ideologen dieser
Technik (Claude Vaugelas) werden die Edelknaben aus der Gruppe A sogar
als "der gesündeste Teil der Autorschaft der Zeit" bezeichnet. Der Rest
war also krank.
Seither sind dreihunderteinundsechzig Jahre vergangen.....Nihil novi sub
sole (Prediger Salomo/Ecclesiastes/Kohelet 1,9).
Mit herzlichen Grüßen
Hans Goebl
--
Professor Martin Durrell
German Studies, SLLC
University of Manchester
MANCHESTER, M13 9PL
Circular from Besançon:
Sciences du langage : à propos du classement AERES des revues scientifiques
Le Comité éditorial de la revue Semen s’est vu confronté comme beaucoup
d’autres revues à la décision récente de l’AERES de classer les revues
scientifiques en A, B ou C, classement dit « bibliométrique » et qui
sert de base pour classer à leur tour les enseignants-chercheurs en «
publiants » et « non-publiants », dans une optique tant individuelle que
collective (reconnaissance et financement récurrent des équipes de
recherche). Semen est une revue de sciences du langage, et jusque-là,
nous, Comité éditorial, nous efforcions d’orienter notre publication
vers les débats qui structurent et animent notre communauté, d’y
participer aussi pleinement que possible, et, pensions-nous, non sans
quelque succès. La liste qui est parue nous a montré à quel point le
classement effectué relève d’une politique de mépris :
- mépris du travail des équipes qui animent les revues scientifiques,
qui construisent la communauté des chercheurs de manière jusque-là
désintéressée et solidaire, et de manière collaborative.
- Mépris des travaux effectifs réalisés, des articles édités, des
chercheurs regroupés à telle ou telle occasion, des efforts consentis
par tous ceux qui s’investissent dans l’écriture des articles, dans la
composition des numéros, dans la diffusion des revues malgré
l’extraordinaire faiblesse des moyens structurels qui devraient pourtant
être consentis, si l’excellence était véritablement la cause servie.
- Mépris des auteurs qui ont donné sans compter et sans calcul leurs
travaux à éditer par ces mêmes revues.
- Mépris de l’histoire de chacune de ces revues, de leurs modes de
développement, des changements qu’elles ont su intégrer en quelques
années, au profit de calculs bibliométriques qui ne garantissent en rien
la qualité scientifique des revues.
- Mépris de ceux qui publient dans les traditions de leur langue, et qui
ne considèrent pas que l’anglais appauvri, brandi comme le standard
international obligé, soit la seule langue de publication possible.
- Mépris qui conduit à la naturalisation de la recherche en SHS, de ses
objets, de ses méthodes et de ses productions.
Le classement des revues a été pratiqué de la manière la plus opaque,
sans que les noms de ceux qui ont opéré ce classement soient connus,
sans que leurs principes méthodologiques soient exposées, sans que les
buts réellement poursuivis soient clarifiés, en contradiction avec
l’usage universitaire, et sans que les revues elles-mêmes aient été
visitées et conviées à présenter leurs origines, leurs travaux, leurs
bilans, leurs projets. C’est ainsi que le classement AERES détruit
l’histoire et impose une procédure mécanique et atemporelle, qui ne
fonde en rien le socle de pratiques cohérentes durables et crédibles.
Le classement AERES se complaît dans le mensonge : des revues dont
chacun sait, pour peu qu’il agisse comme chercheur dans la communauté
qui est la sienne, combien elles comptent dans le paysage scientifique,
ne sont pas reconnues, soit au point de ne pas figurer dans le listing
même établi par l’AERES, soit en recevant la note stigmatisante de C ;
car publier dans une revue classée C devient inutile voire néfaste,
puisque cela ne manifeste, aux yeux de l’AERES et de ceux qui
accepteraient d’utiliser ses critères, que l’échec à publier dans le
Gotha des revues. En outre, le simple examen de ce classement révèle ses
partis pris : chacun a pu voir la prime donnée aux revues
anglo-saxonnes, et par ailleurs à celles du champ des « sciences
cognitives ». Ces partis pris idéologiques disqualifient ceux qui les
promeuvent.
Le classement des revues est également une basse besogne du gouvernement
: par ce biais il prétend justifier un financement en recul des
ressources quadriennales des laboratoires de sciences humaines. Comment
ne pas l’apercevoir ? Les membres de nos communautés qui accepteront de
cautionner ces pratiques se rendront complices de l’appauvrissement de
la recherche en sciences humaines.
Le classement des revues risque enfin d’avoir à court terme des
conséquences graves :
- la disparition d’un nombre conséquent de revues qui structuraient
jusque-là la communauté scientifique, mais qui, cédant au mépris, ou
victimes de ce mépris, risquent de décider de mettre la clef sous la
porte, faute que leur soit reconnu le minimum : les efforts que chaque
équipe consentait pour faire vivre un questionnement scientifique
particulier, ou faute de pouvoir continuer à attirer à elle les
chercheurs qu’elles réunissaient pourtant efficacement auparavant,
partis chercher ailleurs, dans les revues classées A, la paix
administrative et la reconnaissance scientifique déniée ici.
- La chute de la production scientifique : car les quelques revues
classées A ne sauraient absorber la totalité de la production d’une
communauté scientifique. Or, pour qu’un classement de ce type puisse
fonctionner, il faut que nombre de revues soient disqualifiées pour que
telle et telle autre revue soient qualifiées.
- La difficulté de plus en plus importante pour les jeunes chercheurs de
se faire reconnaître, eux que leurs aînés prenaient soin, jusque-là,
d’appuyer ; eux à qui il s’agissait de mettre le pied à l’étrier en
permettant la publication de travaux prometteurs, même lorsqu’ils
n’étaient pas pleinement aboutis, et justement parce que l’écriture
scientifique s’apprend, qu’elle n’advient pas comme un don naturel.
- Le classement des revues incite non à une démarche solidaire et
collaborative, recherchant l’originalité, mais à une production
abstraite et normée. Et c’est donc à une baisse de la qualité
scientifique que cette initiative a toutes les chances de conduire,
comme le montre par exemple le récent livre de Lindsay Waters
(responsables SHS aux Presses de Harvard), L’Éclipse du savoir.
Pour toutes ces raisons, nous appelons à
- signer la pétition déjà en ligne : http://www.appelrevues.org
- à rejoindre l’exigence des collègues anglo-saxons :
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article591
- à refuser les oukases de l’AERES
- à exiger du ministère de la recherche des modes d’évaluation qui
construisent des bilans historicisés, des programmes validés par les
communautés de chercheurs, des modes d’évaluation qualitatives et non
pas pétris de faux objectivisme et de naturalisme.
- Nous appelons enfin l’ensemble des revues du champ à nous rejoindre
sur ces positions.
Le Comité éditorial de la revue Semen (Université de Franche-Comté)
Andrée Chauvin-Vileno (Directrice), Séverine Hutin, Mongi Madini,
François Migeot, Philippe Schepens, Jean-Marie Viprey
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