Dear colleagues,
The French CNRS (Centre National pour la Recherche
Scientifique) is proposing to stop its financial support
for the journal "Langage et Societe", which, as you may
know, is the leading French journal of sociolinguistics.
Please consider adding your support to a petition to the
CNRS calling on them to continue their support for Langage
et Societe. To do this, simply send details of your
your name, post and department, to Mat Pires
[log in to unmask]
who is at the Institut Britannique in Paris and is
co-ordinating the collection of names. It is
anticipated that names from outside France will help the
cause particularly.
Best wishes
Aidan Coveney
Exeter
--- Begin Forwarded Message ---
Date: Mon, 14 Jun 2004 17:49:17 +0200 (CEST)
From: <[log in to unmask]>
Subject: Fwd: petition
Dear Colleagues,
I am forwarding to you a message concerning the future
of Langage et Société, the only French journal devoted
to sociolinguistics, which is at present under threat
due to a highly spurious evaluation operation
undertaken by the CNRS. I enclose (below) a letter from
Sonia Branca, director of Langage et Société, setting out
the situation and the reasons for our consternation.
If you are willing to sign the petition could you
simply send me back your name, post, and department,
so that your support can figure in the list to be
presented to the director of the CNRS shortly. And,
obviously, please forward this message to any
colleagues likely to be sympathetic to this move.
Support from overseas colleagues is particularly
precious.
Thank you – in anticipation – for your support.
Mat Pires
=====
M a t P i r e s
Université de Londres, Institut britannique de Paris
11 rue de Constantine
75340 Paris cédex 07
Tél 01 44 11 73 71
Fax 01 45 50 31 55
DÉFENDRE LANGAGE ET SOCIÉTÉ
M. Hombert, directeur du Département des Sciences de l'Homme et de la Société (SHS), a fait récemment connaître, aux directeurs des 193 revues du domaine qu'il soutient les projets du CNRS en matière de revues SHS. Pour reprendre ses termes, ce chantier "stratégique", vise à améliorer la visibilité des revues françaises (en particulier face aux revues américaines).
Le projet comprend :
1. Un accès élargi à la documentation scientifique, par la réalisation d'un portail : biblioshs.inist.fr, qui ouvrira en janvier 2005 et donne dès maintenant (uniquement aux laboratoires du CNRS pour le moment, alors même que le principal lieu de recherche linguistique est constitué par les équipes d'accueil universitaires...) un accès gratuit à un nombre important de revues internationales par un abonnement global aux bouquets Elzevier, Jstor, Proquest, etc.
2. Un Centre d'édition numérisée scientifique CENS, opérationnel dans deux ans.
3. Toutefois, ces moyens seront seulement accessibles aux revues que le CNRS décide de soutenir. Or il entend supprimer tout soutien à un tiers environ des revues qu'il aidait jusqu'à présent. Deux raisons peuvent expliquer ces changements. La première est avancée par JM. Hombert : le grand nombre des revues " nuit à la diffusion de la connaissance " en dispersant le lectorat et en empêchant de pratiquer une évaluation sévère (éditorial n° spécial de sciences de l'Homme et de la société). On devine la seconde : en cette période de restriction de crédits, il faut abaisser les coûts.
4. Pour choisir parmi les revues qui méritent d'être soutenues, le CNRS a fait procéder par domaine à une enquête sur des critères bibliométriques, corrigés par divers facteurs ( impact, diffusion, etc.). trois classes sont établies
A : quatre-vingt revues bénéficieront d'un soutien (non précisé encore) pour la publication papier et l'édition numérique (revues internationales de très haut niveau)
B : 75 devront se contenter d'un soutien à l'édition électronique
C : 45 ne bénéficieront plus du soutien CNRS
Sans revenir en détail sur les critères bibliométriques qui, domaine par domaine, ont été appliquées avec de grandes variations, nous nous attarderons sur l'étude concernant les sciences du langage.
L'enquête qui a été menée est déjà relativement ancienne : (1990-1999).
Elle consiste à compter les citations que font trois périodiques français, le Bulletin de la Société de Linguistique de Paris (BSLP), (plutôt orienté sur les langues rares et anciennes) Faits de langue (FL) et Modèles linguistiques (ML)… et trois revues américaines Language, Linguistic Inquiry et Studies in Language, toutes ces revues s'intéressant surtout à la linguistique du code. Elles sont, estiment les auteurs, " représentatives de ce que l'on peut appeler le noyau dur de la discipline "…
Il apparaît que les réponses sont dans les choix de départ. Les experts retiennent un " noyau dur ", défini par eux-mêmes et non par la communauté scientifique de la discipline (7e section du CNU, 34e section du CNRS). Ils aboutissent à signer l'arrêt de mort des revues couvrant les domaines qu'ils écartent au départ comme la sociolinguistique que son interdisciplinarité rend particulièrement vulnérable. Ils écartent également d'ailleurs les revues qui se caractérisent par un projet intellectuel original comme Verbum, centré sur la linguistique du texte, domaine peu représenté dans les périodiques retenus.
Après avoir opéré cette redéfinition autoritaire de la discipline, ils aboutissent aux propositions de soutien suivantes concernant les revues de linguistiques :
Nom de la revue Nombre de citations Proposition de soutien
Faits de langue 41 Papier et électronique
Mots 69 Papier et électronique
Traitement automatique des langues 0 Electronique
Bulletin de la société linguistique de Paris 134 Electronique
Cahiers de linguistique d'Asie orientale 11 Electronique
Cahiers de praxématique 21 Electronique
Histoire, épistémologie, langage (HEL) 3 Electronique
Recherches linguistiques de Vincennes 13 Electronique
Communication et langages 11 Supprimé
Langage et société 25 Supprimé
1) On pourrait discuter bien des aspects de cette évaluation et le fait que ce qui est compté correspond autant à des réseaux d'influence qu'à des critères de scientificité. On peut d'ailleurs constater que les scientifiques américains soumis à évaluation bibliométrique depuis très longtemps citent et se citent beaucoup plus systématiquement que les universitaires français (Linguistic Inquiry cite 842 fois Linguistic Inquiry). Il reste donc à mettre rapidement le système en place, pour que les auteurs développent les auto-citations, et citations de leur réseau… !!
2) On peut discuter aussi de la confusion opérée par les experts entre le faible score de citations de revues françaises dans les périodiques américains et la piètre qualité des périodiques français… car l'expertise minore la question de la langue, à moins que le CNRS n'estime tout simplement qu'il est grand temps pour la recherche française de basculer à l'anglais.
3) Mais sans ouvrir ce débat, on peut remarquer que le nombre de citations - dont il est dit qu'il est le critère essentiel - n'est pas le critère effectif, puisque HEL (3 citations) et TAL (zéro citations) ont droit à des rattrapages (parfaitement justifiés d'ailleurs) l'un à cause de sa " qualité scientifique " et de son " rôle important " dans sa communauté et l'autre parce qu'il relève d'un domaine spécialisé…. Les Cahiers de praxématique avec 21 mentions et les Recherches linguistiques de Vincennes avec 13 mentions sont retenus, sans doute parce qu'il sont cités par deux des revues de l'échantillon… Mots a été justement protégé par ses 69 citations (zéro en linguistique, mais 22 en sciences politiques, 22 sociologie, 8 histoire… qui écrasaient les revues que l'on voulait maintenir). Mais pour Langage et Société, il a été considéré que seul un des périodiques de l'échantillon citait ses articles ; d'autres citations dans des revues de sociologie, science politique, histoire et anthropologie sociale dépouillées par le CNRS n'ont pas été prises en compte, alors même que le projet de la revue est interdisciplinaire (ce qui va d'ailleurs dans le sens de la politique officielle du CNRS en ce qui concerne les recherches en sciences sociales).
Nous ne pouvons accepter que la liste des domaines spécialisés qui ont droit à l'existence soit ainsi imposée sans concertation aucune, ni qu'alors même qu'on prétend substituer au jugement des pairs une bibliométrie objective, on fasse réapparaître ce jugement au coup par coup, selon le bon vouloir des experts.
4) La plupart des orateurs qui sont intervenus lors des dernières assises des sciences du langage ont rappelé que les attaques récentes dont les licences de sciences du langage ont fait l'objet ne s'expliquent pas seulement par l'idéologie ou la mauvaise qualité des expertises. Elles renvoient à des faiblesses des SDL qui ne se préoccupent pas suffisamment des débouchés des étudiants et de la place de la discipline dans l'espace public. À côté des débouchés massifs des métiers de l'enseignement, plusieurs interventions ont souligné l'importance de sous-domaines interdisciplinaires où existe une forte demande d'expertise et d'intervention sociale (politique de la langue, variation du français, variétés dans le contexte pluriculturel actuel des villes, langues et insertion des migrants, langue des signes…) . Ainsi c'est paradoxalement le périodique soutenu par le CNRS qui intervient dans ce champ de recherches qu'il est question de faire disparaître.
Nous ne refusons pas d'être évalués. Mais il s'agit donc pour nous d'obtenir qu'une expertise véritable soit pratiquée. Celle-ci peut être effectuée
1/ en examinant les citations que les thèses ou ouvrages de sociolinguistique font de Langage et Société, sachant que dans ce domaine les revues sont trop peu nombreuses pour s'entre-citer beaucoup ;
2/ en demandant à des experts internationaux des champs disciplinaires représentés d'évaluer les cinq dernières années de la revue.
Nous vous demandons de signer la lettre ci-jointe afin de faire connaître à la direction du CNRS votre refus de cette parodie d'expertise.
NOM Prénom Fonction Mél. Université
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Aidan Coveney
University of Exeter
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