INVITATION A CEUX QUI N’ONT PAS ENCORE REPONDU
APPEL A COMMUNICATIONS pour le
XXXe CONGRES DE LA
SOCIETE FRANÇAISE DE LITTERATURE GENERALE ET
COMPAREE
(S.F.L.G.C.)
Université de Limoges
E.A. Espaces Humains et Interactions Culturelles
20-22 septembre 2001
LITTERATURE ET ESPACES
Date limite pour la première liste de communication: 28 février 2001
“Rupture épistémologique”, “changement de paradigme”,
“révolution copernicienne”: les termes ne font pas défaut pour
qualifier le développement d’une nouvelle vision scientifique. Les
comparatistes ne manquent pas aujourd’hui de participer au débat
épistémologique qui tente de redéfinir le fondement des études
littéraires, de les resituer au sein des sciences humaines. De toutes
les intersections envisageables, il en est néanmoins qui sont
privilégiées. L’un des points de focalisation les plus intenses (voir la
thématique proposée par quelques-uns des derniers congrès de la
S.F.L.G.C. et de l’A.I.L.C.) concerne les relations entre littérature et
espaces.
C’est qu’aujourd’hui la notion d’espace repose la question du sujet
dans une “épistémè” traditionnellement centrée sur la “présence”
d’un objet fixe, observable en laboratoire. La relation de l’homme à
son espace nous entraîne dans les sciences du virtuel, de l’inachevé,
de la complexité, de l’émergence où les phénomènes ne sont pas
déterminés. La pensée créatrice, le surgissement de la parole, le
sentiment du sacré, le mythe, la littérature semblent être autant
d’objets improbables ou impossibles pour les sciences
expérimentales. En prétendant que l’espace n’existe pas en dehors
de la langue et de la parole qui le créent, le disposent, en changent
sans cesse les contours, la pensée contemporaine ouvre de
nouveaux horizons scientifiques où la littérature peut jouer un rôle
exemplaire.
Dès lors, d’innombrables pistes se dégagent.
Philosophie, sémiologie, imagologie et géocritique. La complexité
croissante de la perception et des représentations littéraires des espaces à
partir des années soixante, en particulier, a poussé la théorie à se doter
d’instruments susceptibles de rendre compte de cette multiplicité (ou de cet
éclatement). Il est et a été question de poétique de l’espace ou de la ville
(G.Bachelard et P.Sansot), d’imagologie ou de géopoétique (K.White); à
Limoges, nous parlons même de géocritique. La philosophie, elle aussi, a
fourni des repères importants: les notions de territorialisation, de dé- et de
reterritorialisation (G.Deleuze et F.Guattari) sont-elles utiles dans un champ
comparatiste? ou encore la géo-philosophie d’un Massimo Cacciari? Quant
à la sémiologie, par la voix de Y.Lotman, elle nous propose la sémiosphère,
après que M.Bakhtine eut défini le chronotope. En quoi les études littéraires
peuvent-elles tirer parti de ces apports? En quoi, inversement, la littérature
peut-elle contribuer à enrichir l’épistémologie des espaces?
Géographie et littérature. De toutes les diciplines connexes, en matière
d’espaces, celle qui recoupe le plus nettement la littérature est la
géographie. Certains géographes se livrent à des études littéraires
(M.Brosseau), tandis que des comparatistes de renom dessinent des
croquis pour suivre l’itinéraire de tel personnage dans Paris ou Londres
(F.Moretti). La littérature comparée peut-elle et doit-elle occuper ce type
d’intersection?
Histoire, littérature et espaces. Il n’est pas que la géographie qui soit
concernée. Depuis quelques années (1992?), les essais d’histoire littéraire
européenne se multiplient. Est-ce que la spécificité comparatiste s’exprime à
travers une spatialisation de l’histoire littéraire? En corollaire, l’étude des
espaces est-elle le propre de certaines périodes littéraires ou de certains
mouvements littéraires?
Sciences, littérature et espaces. Les sciences dites “dures” peuvent-
elles enrichir la théorie littéraire dans ses rapports aux espaces (physique
nucléaire, physique quantique, thermodynamique, informatique,...)?
Emergence de nouveaux espaces et dialogue des phonies.
L’abondance indique clairement que les espaces se multiplient en rapport
avec les systèmes de représentation. Quel est aujourd’hui le statut des
littératures qui se trouvaient à distance du centre: les littératures des espaces
qui furent colonisés, les littératures émanant de cultures géographiques dites
“périphériques”: au niveau du pays, au niveau de la région? En quoi la
décolonisation a-t-elle accéléré le processus de morcellement/diversification
des espaces?
Thèmes et espaces. Les études thématologiques de l’espace elles aussi
prennent en compte cette grande variété. Quels sont aujourd’hui les thèmes
privilégiés de l’espace?
Mythes et espaces. Tout mythe s’inscrit dans l’espace. Mais est-il des
mythes qui racontent la formation des espaces? De ces mythes, lesquels ont
aujourd’hui la préséance? A mi-chemin entre le thème et le mythe, il est des
agrégats mythoïdes qui élèvent au rang de mythe tel espace concret: Venise
en est-elle le seul exemple?
Le référent spatial. Quelles sont les relations entre l’espace représenté,
littérarisé, et son référent (le “réalème”, selon L.Dolezel)? Quel est le statut
de l’utopie dans le discours sur les espaces? La littérature peut-elle
“inventer” des espaces, et devenir elle-même un référent (Illiers-Combray,
...)?
Nomenclature des espaces. En littérature, comme en philosophie,
l’espace alimente bien des métaphores. La lexicographie s’en réjouit, qui les
recueille. Quelles seraient aujourd’hui les figures de la spatialité les plus
prestigieuses? L’éclatement de l’espace nourrit-il la représentation
métaphorique? En outre, quel est aujourd’hui le statut de la description?
Ethique et espaces. Y a-t-il une perception éthique des espaces (Dante
et sa Comédie tripartite, les camps, les colonies pénitentiaires, et,
inversement, les utopies,...) ? Est-ce que cette perception-là serait la seule
figée? Assiste-t-on là aussi à une évolution?
Psychanalyse et espaces. L’espace décrit précédemment est perçu
sous un angle essentiellement macroscopique. Qu’en est-il de la projection
du corps dans l’espace? Est-il aujourd’hui une topologie de l’intime?
Arts et espaces. Les sytèmes de représentation sont-ils spécifiques à un
vecteur particulier (littérature, cinéma, peinture, photographie, musique,...)?
Existe-t-il une forme commune à l’ensemble des disciplines? Au sein de la
littérature considérée stricto sensu, quel est l’impact des grands genres
(théâtre, roman, ...) sur la représentation des espaces?
Les pistes indiquées ci-dessus pourraient correspondre à de futurs
ateliers. Les propositions, accompagnées d’un résumé d’une dizaine
de lignes, devront parvenir au comité avant le 28 février 2001. Le
comité encourage les participants à situer leur projet dans une
perspective théorique de façon à faire du congrès une cellule de
réflexion sur l’épistémologie de la science littéraire.
Un symposium de théorie et terminologie littéraire organisé par le réseau
du DITL à la Médiathèque Francophone Multimédia de Limoges les 22-24
février 2001 permettra de faire un premier état de la problématique du
congrès à la lumière des premiers projets de communication.
Un groupe de discussion sur la problématique du congrès permettra aux
spécialistes du monde entier d’échanger par Internet des opinions et des
questions Ils pourront se connecter sur le serveur du Dictionnaire
International des Termes littéraires (DITL) / Encyclopédie
Electronique de la Science Littéraire (ENESLit’, version hypertexte du
DITL) pour recueillir ou diffuser de l’information et pour lancer de premiers
débats. Adresse du site : http://www-ditl.unilim.fr.
Le séances du congrès seront diffusées en visioconférence dans le monde
entier par le même serveur.
Comité d’organisation:
Jean-Marie Grassin
Juliette Vion-Dury
Bertrand Westphal
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